Pratiques journalistiques en France

Questions simples qu’il reste à poser à Macron après sa conférence de presse du 16 janvier : « Pourquoi avoir changé de Premier ministre ? » « Quelle différence entre Babeth et Gabi ? » « Pourquoi la composition du gouvernement est-elle la plus à droite de celles que vous avez décidé ? » « Selon le Secours catholique, la pauvreté explose en France. Vous sentez-vous responsable ? » « Vous aviez promis zéro sans domicile fixe et des enfants dorment dans la rue. Est-ce un échec ? » « Pourquoi faire voter une loi que vous savez non conforme à la Constitution ? » « Pourquoi ne pas soutenir l’Afrique du Sud qui porte plainte contre Israël ? » « Êtes-vous prêt à reconnaître un État palestinien ? »
Ce n’est pas compliqué d’interroger un président même s’il a organisé une mise en scène gaullienne ; même s’il est sûr de lui et vaguement rigolard ; même s’il s’est agacé, piqué au vif par une question de la journaliste du Monde à propos de la préférence nationale… Elle a été la seule à se démarquer de l’indigence journalistique lors de cette grand-messe en prime time, véritable numéro de bonimenteur magnifique. C’était Plus belle la vie version Élysée série limitée. On a même eu droit à du fatalisme avec l’évocation de Trump comme un ex pas si difficile que ça…
Le président joue et s’amuse avec la fonction, songeant sans doute déjà aux trois ans à venir. Putain, trois ans ! Quant à la pratique journalistique, délicate en pareille circonstance j’en conviens, elle est désolante. Pour avoir observé cet exercice en Espagne ou dans les pays anglo-saxons, le genre français s’avère consternant. Questions solitaires qui flirtent parfois avec l’édito auto-valorisant, absence de suivi solidaire, le tout achevé par des sourires de connivence… Le roi en profite. L’habile ment peinard et se fiche pas mal des réactions du lendemain.

Article de Claude Sérillon dans Siné mensuel de février 2024.