Agriculture : low-tech vs high-tech

Tracteurs autonomes, Big Data, drones et cartes satellites, la technologie peut-elle aujourd’hui répondre aux maux du monde agricole en quête d’une meilleure rémunération et d’un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle ? La promesse est séduisante : gain de temps considérable, suppression des tâches pénibles et répétitives, rendements plus élevés pour l’agriculteur ou l’agricultrice… Mieux, si l’on en croit les centaines d’innovations présentées chaque année lors du Salon international du machinisme agricole (SIMA), cette agriculture dite « de précision » pourrait même permettre à terme de s’adapter au changement climatique et au développement de pratiques respectueuses du vivant.

Alors que les géants du numérique s’attaquent au monde agricole avec la perspective d’un marché florissant, nombre de questions sont soulevées en creux par cette course à l’innovation : les agriculteurs déjà lourdement endettés ont-ils les moyens d’intégrer ces technologies dans leurs cultures ? Faut-il se soumettre à la dépendance d’un géant industriel, d’un banquier, d’un informaticien ? Enfin, quel sens ces innovations donnent-elles au métier d’agriculteur à l’heure où les expressions comme « Entrepreneur du vivant », « foodTech » ou « AgTech » gagnent du terrain ?

À rebours de ces dynamiques high-tech, les mouvements de l’agriculture paysanne se sont emparés du terme de low-tech en opposition au modèle d’une agriculture toujours plus industrialisée. S’appuyer sur les innovations agricoles nées du terrain et dans la tête de paysannes et paysans ingénieux, miser sur l’appropriation des techniques de réparation à travers la formation et favoriser l’entraide mutuelle, c’est le sens du manifeste de l’Atelier Paysan, Reprendre la terre aux machines. Plus qu’une remise en cause de la technologie en tant que telle, c’est l’idée d’un asservissement aux machines et in fine à un industriel qui est remise en question.

Article paru dans le numéro d’octobre 2021 de Chemins de terre la revue de l’association Terre de liens.

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