Victoires et défaites de l’écologie

L’écologie est-elle une cause perdue ? Tout porte à le croire, à l’heure où les fascistes fossiles de l’administration Trump font sauter les protections les unes après les autres, sabrent dans les budgets à la tronçonneuse, et étouffent les voix des scientifiques qui dérangent leur fuite en avant extractiviste. Tout porte à le croire aussi, lorsqu’en Europe et en France, les assauts se multiplient contre le droit environnemental et que la répression n’en finit pas de se durcir contre les militants.
Pourtant, ces attaques disent aussi quelque chose de la puissance acquise ces dernières années par le mouvement écologiste. Une force de frappe forgée sur le terrain des luttes locales. Car, à limage de ce que furent les syndicats dans l’histoire longue du
socialisme, les collectifs de lutte sont le terreau et le bras armé de l’écologie politique.
Depuis les années 1970, des coalitions hétéroclites arrachent avec obstination des arpents de terre, de forêt, d”estran, au béton. « S’ils ne gagnent pas toujours, ils marquent des points, retardent ou limitent les dégâts. Surtout ils rompent le silence. Là ou il règne, c’est pour le coup que l’on est sûr de perdre », écrivait à l’époque Bernard Charbonneau, penseur pionnier de l’écologie. En France, la mémoire collective n’a retenu que quelques rares faits d`armes -le Larzac, Plogoff, Notre-Dame-des-Landes – alors que des
dizaines de victoires ont sombré dans l’oubli.
La décennie écoulée a vu ces combats redoubler d’intensité face aux logiques obsolètes de l’aménagement productiviste. Et sur le terrain, la lutte paye : sur les dix dernières années, comme le montre une étude récente, les batailles territoriales ont ainsi remporté plus de 150 succès ! Autoroutes, entrepôts logistiques, fermes-usines, complexes touristiques : partout les luttes locales sapent l’évidence tranquille de l’expansion capitaliste. Contre l’accélération sans fin des flux et de l’extraction, chacune
de ces victoires impose une forme de décroissance en acte.

« Au plus rouge de notre forge industrielle et militaire, en ce couchant d’un millénaire, un feu vert s’est allumé : la révolte écologique. Il dépend maintenant de nous qu’il soit un simple signe social, laissant la crue des choses poursuivre son cours, ou bien un
feu de vie : le germe tendre et ardent d’un autre printemps sur terre », écrivait encore Bernard Charbonneau en 1980. Quarante-cinq ans plus tard, une bonne partie de la « forge industrielle » a été délocalisée hors d’Europe. Mais la toile des chaînes de valeur
globalisées ne cesse de s’étendre. Le macadam et les tarmacs, les câbles et les data centers, indispensables au métabolisme du capitalisme contemporain, continuent de dévorer la terre. Et le feu vert n’est pas près de s’éteindre.

Introduction du hors-série de Socialter de l’été 2025.

Un commentaire

  1. The article powerfully highlights the resilience and impact of grassroots environmental movements against corporate expansion. Its inspiring to see how local fights, though often forgotten, challenge destructive projects and push for a necessary shift towards sustainability.

Répondre à labubu live wallpaperAnnuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *