Pourquoi vous devriez vous informer autrement ? La réponse dans cette vidéo.
Sociétés nihilistes
Nos sociétés sont devenues nihilistes, elles ne se soucient pas de leur environnement et encore moins des liens qui relient l”humanité à son lieu de vie : condition – au sens littéral du terme – de son existence. Lorsqu’on généralise l’utilisation des premiers polymères synthétiques, les plastiques, dans la seconde moitié du XXe siècle, on sait qu’on va en retrouver partout pour la simple et bonne raison qu’une des propriétés principales de cette substance est qu’elle n’est pas bio-dégradable. Il ne faut pas être ingénieur ou même prix Nobel de chimie pour le comprendre : un enfant de 7 ans aurait pu le prédire. Cette évidence, seule une société dans le déni absolu des liens intimes qui la relient à son environnement pouvait l’ignorer. C’est ce que nous avons fait et que nous continuons à faire aujourd’hui, et c’est en cela que notre société peut être qualifiée de « nihiliste ».
C’est ainsi que malgré la présence de particules de plastique dans tous les êtres vivants, sur tous les continents et même au plus profond des abysses, malgré leur toxicité avérée (reprotoxique, neurotoxique. . .), nous avons produit, en 2024, 500 millions de tonnes de plastique contre 1,5 million en 1950 ! Le nihilisme fait partie intégrante de notre réalité. La banalité du plastique en témoigne, comme celle du béton, des pesticides, des produits de synthèse… Le nihilisme est inscrit dans le moindre de nos faits et gestes. Il définit notre « normalité », il constitue notre « monde » : un monde ou « tout semble, possible », où « tout semble permis », peu importe les conséquences. Un monde de jouissances et de plaisirs insouciants, un monde qui ressemble étrangement à celui de la drogue et de l’addiction. Si on accepte la comparaison, tels des drogues, nous avons, en apparence du moins, « tout à perdre et rien à gagner ». Pourquoi rester sur Terre alors que l’on peut rêver de paradis artificiels ?
Dans un tel contexte, aucune « écologie du tragique » ne changera la donne. Répéter à un drogué sous Fentanyl ou addict au crack que son addiction conduit à court terme à des AVC, qu’elle endommage irrémédiablement le cerveau ou qu’elle le condamne à l’infertilité, ne risque pas de le faire renoncer à sa prochaine dose. Ce qui manque au drogué – qu’il le soit au crack ou au confort – c’est un sens à son existence afin qu’il puisse sortir de cette logique d’autodestruction. Or, abandonner les paradis artificiels ou synthétiques a un prix. Le « drogué » doit surmonter ce qui le détruit. Ce qu’il ne peut faire qu’en s’acceptant tel qu’il est : en acceptant son passé (si douloureux soit-il). ses travers. ses malheurs, ses contours…
Extrait d’un article dans le journal La Décroissance de janvier 2025.