Séparatisme scolaire

L’établissement privé dans lequel les époux Castéra scolarisent leurs enfants est un établissement catholique qui promeut les thérapies de conversion pour les personnes homosexuelles (interdites en France), qui nie la contraception autre que « naturelle », qui prône une éducation différenciée en fonction du genre – les enfants Castéra étudient d’ailleurs dans des classes non-mixtes ! – et qui impose aux filles des tenues « correctes » afin de ne pas attirer les regards et de « se respecter ». Rappelons que dans les missions de la ministre à mi-temps il y a la lutte contre les stéréotypes de genre à l’école. Les nombreuses infractions de cet établissement de prestige ont d’ailleurs fait l’objet d’un rapport interne de l’inspection générale de l’Éducation nationale commandé par Pap Ndiaye, mais que Gabriel Attal a choisi de ne jamais rendre public. Sans doute Gabriel Attal, ancien élève d’un autre établissement prestigieux, privé mais laïc celui-ci, l’École alsacienne, autre lieu de l’entre-soi du gotha, également situé dans le VIe arrondissement de Paris, n’a-t-il pas voulu heurter un établissement où le « gratin » de la bourgeoisie économique scolarise ses enfants. La conscience de classe est toujours bien développée dans la bourgeoisie.

L’ « affaire Stanislas » tombe d’autant plus mal pour la Macronie qu’elle intervient quelques semaines après qu’un autre établissement privé confessionnel, mais musulman celui-ci, ait également fait l’objet d’un rapport de l’inspection générale de l’Éducation nationale, le lycée Averroès à Lille. Dans un cas un rapport accablant mis sous silence. Dans l’autre, un rapport dans lequel aucune recommandation n’est suggérée… mais le préfet qui s’en servira pour notifier la fin du conventionnement avec l’État. Tandis qu’on apprendra que Stanislas se voit offrir une dotation horaire supérieure aux établissements du public comparables et qu’il obtient des subventions supra-légales de la part de la Région Île- de-France. Deux poids, deux mesures…

Derrière le cas Oudéa-Castéra et du Lycée Stanislas c’est tout un système de l’entre-soi d’une caste de privilégiés qui vivent sur les fonds publics tout en faisant l’éloge de la libre-entreprise, et font du séparatisme un art de vivre. Rien dans le lycée Stanislas n’est en accord avec la loi confortant le respect des principes de la République, dite loi séparatisme. Bien évidemment celle-ci ne visait pas l’entre-soi bourgeois, volontiers catholique intégriste. La couverture du torchon raciste et réactionnaire – dont le titre doit être compris comme une anti-phrase -, Valeurs actuelles, du 25 janvier dernier : « Pourquoi il faut sauver l’école privée », montre bien qui sont les soutiens de ces projets de ségrégationnisme scolaire.

Contrairement à ce qu’affirme Valeurs actuelles, ce n’est pas une guerre scolaire mais belle et bien une guerre de classe. Si 1′ « école libre » comme aime à l’appeler celles et ceux qui ne rêvent que d’écoles casernes est un choix qui appartient aux familles, celui-ci ne doit pas se faire sur des fonds publics. Dès à présent exigeons le déconventionnement de Stanislas et engageons la fin du financement public des établissements privés.
Ce dont l’école publique a besoin ce n’est pas d’une ministre à mi-temps, méprisant les valeurs d’égalité et de liberté, mais des moyens à hauteur des besoins de toutes et tous les élèves.

Extrait d’un article du mensuel Alternative Libertaire de février 2024.

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