Pourquoi vous devriez vous informer autrement ? La réponse dans cette vidéo.
Recette de manipulation médiatique
Une lycéenne a refusé d’enlever son voile après qu’une professeur le lui a demandé. Elle aurait frappé l’enseignante, puis pris la fuite, avant d’être interpellée par la police. Il ne faut pas frapper ses professeurs, nous sommes tous et toutes bien d’accord là-dessus. Mais la teneur des propos tenus dans le poste est toute autre : chacun dénonce à qui mieux mieux l’acte de la jeune fille, y voit une attaque contre la laïcité, un coup porté à la République, j’entends dire que la France Insoumise est responsable de tout ça, on m’explique que « tout fonctionne à l’envers dans notre pays ».
Bref, du CNews par excellence, avec toujours peu ou prou la même méthode, que voici.
- Sélectionner un événement susceptible de servir les idées d’extrême droite. Il s’est passé bien des choses ce jour -là (le 8 octobre), mais la chaîne décide de mettre en lumière cette fille voilée qui agresse un professeur. Soyez assurés d’une chose : il existe des altercations du même type entre des élèves non-musulmans et des enseignants. La différence, c’est que vous n’en entendrez jamais parler sur CNews.
- Monter le sujet en épingle. On ne sait alors à peu près rien des circonstances de l’altercation, mais CNews ne s’embête pas avec la vérification des faits. C’est, d’emblée, la version la plus simpliste et servant au mieux la « cause » qui est retenue. L’agression très regrettable d’un enseignant devient une attaque contre la laïcité et contre la République. Et puisque cette agression vient d’une fille voilée, le message est clair : c’est l’Islam qui attaque le pays !
- Pousser le sujet. La chaîne ne dispose quasiment d’aucun élément autour de ce fait divers. Mais plus on lui accordera de temps d’antenne, plus il prendra d’importance. Alors on lâche la meute des éditorialistes, experts en machins-choses, spécialistes ès-bidules et toutologues assermentés. Autour d’un animateur vedette qui donne le ton, ils « débattent » pendant des heures. En réalité, ils peuvent s’écharper sur des détails mais sont unanimement d’accord sur l’essentiel. D’ailleurs, le premier qui s’écarte trop de la ligne est rabroué et interrompu. Qu’il persiste, et il ne sera plus invité.
- Imposer le sujet. En en faisant des tonnes sur CNews et les médias du même groupe (Europe1, le journal du Dimanche, etc.), le groupe du milliardaire Bolloré permet à ses interlocuteurs préférés (syndicats policiers, personnalités politiques de droite extrême et d’extrême droite, etc.) de rebondir sur leur sujet de prédilection. Il pousse du même coup les autres médias à traiter le sujet. Même celles et ceux qui n’ont ni intérêt ni envie de le faire finissent parfois par mettre une pièce dans la machine. Par exemple, des élus de gauche peuvent finir par se justifier devant les caméras face à l’énormité des accusations dont ils sont la cible (islamisme, antisémitisme, laxisme, etc.).
- Dans ce système, à la fin, c’est toujours Bolloré qui gagne. Quand bien même les mis en accusation parviennent à faire entendre leurs arguments, ces derniers sont aussitôt noyés sous le flux ininterrompu des mêmes accusations, rabâchées à longueur de journées, bien que sans fondement. Et quoi qu’il arrive, durant toute cette séquence, il n’aura été question que de délinquance, d’insécurité, d’islamisme, et non de fraternité, de cotisations sociales… ou de la meilleure façon de dézinguer le pouvoir des milliardaires.
Edito du mensuel l’âge de faire de novembre 2024.