Rationnement pour la majorité, orgie pour quelques uns

[…] C’est l’humain, au final, qui est rationné. La seule chose qui n’est pas rationnée, dans ce système (EHPAD), ce sont les profits, par centaines de millions. Une marge bénéficiaire de 25 % ! Et les revenus du directeur, 1,3 million annuel, le double en parachute doré.
Des ministres aux journalistes, des députés aux plateaux télés, chacun crie au scandale. Et avec raison, car c’en est un : nos fins de vie valent mieux que leurs profits ! Mais c’est notre pays tout entier qui est un scandale. Dans les hôpitaux, on rationne les lits, le personnel, les compresses, depuis vingt années. Dans l’Education nationale, on rationne, 8 000 enseignants en moins sous le mandat Macron, l’équivalent de 175 établissements fermés.
Les bas salaires, on les rationne, pas de coup de pouce au Smic, et pour « ces hommes et ces femmes sur qui le pays repose tout entier », comme causait le Président, mais que « nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal », un mini-pourcentage ou rien du tout. Tout ça, Macron le rationne – comme les couches chez Orpéa. Il faut se serrer la ceinture, voilà leur mot d’ordre, partout.

Sauf là-haut. Là-haut, c’est l’orgie. Là-haut, on se déboutonne. Là-haut, il n’y a plus de limite. « Les entreprises du Cac 40 annoncent des bénéfices record », indique Le Monde. Total, avec 15 milliards de bénéfices, va faire du jamais vu, jamais connu – alors que les prix à la pompe ont grimpé de 40 % en six mois. Et à qui tout cela va ? « Les géants du CAC40 ont récompensé leurs actionnaires comme jamais en 2021 », titre Les Échos. Et la fortune des cinq plus riches familles françaises, Arnault, Pinault, Bettencourt, Wertheimer (Chanel), Hermès, ont quasiment triplé en cinq années de Macron.

Aucun rationnement, là. Et Macron, en président du C.A. ne dit rien devant ce pillage. Au contraire, il l’encourage, avec la suppression de l’Impôt sur la Fortune, la baisse de l’impôt sur les sociétés. Des milliards, des centaines de milliards, qui pourraient aller pour les bas salaires.

Qui pourraient aller, aussi, surtout, pour notre santé, pour l’éducation de nos enfants, pour l’accompagnement de nos aînés. Voilà le Scandale, le scandale majeur, le Scandale à majuscule. Gros comme une vache au milieu du couloir, et qu’ils voudraient pourtant rendre invisible, normal, banalisé, inscrit dans le paysage.

Extrait d’un article de François Ruffin dans le journal Fakir de février 2022.

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