Racisme et pillage extractiviste

Pendant des siècles la prédation des classes dominantes européennes – celles de France, de Grande-Bretagne, d’Espagne, du Portugal, de Belgique, d’Italie – est passée par le pillage extractiviste des ressources naturelles les plus diverses du sol et du sous-sol africains et américains. En Asie du Sud-est aussi.
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On dira que tout çà est fini ! Il y a eu les indépendances dans le milieu du XXe siècle. Il y a eu aussi la promotion des droits humains à l’ONU et tout particulièrement contre le racisme « et l’intolérance qui y est associée ». Mais c’est sans compter avec ce qui perdure. Nicolas Sersiron explique (Dette et extractivisme) que le « système dette » a remplacé les armées avec efficacité pour l’extorsion et l’accaparement des ressources du sol et du sous-sol.
Avec le « système dette » c’est le Nord qui s’est positionné comme créancier alors qu’on aurait pu penser « à bon droit » que le Sud était le créancier historique et légitime contre un Nord prédateur historique. En fait, les classes dominantes du Nord ont pu « garder la main » au moment des indépendances et n’ont rien lâché en matière de prédation.
Pour le dire brièvement ici, c’est par le moyen des prêts conditionnés du FMI et de la Banque mondiale aux bourgeoisies du Sud que le double pillage du Nord s’est perpétué. Le racisme a continué lui aussi mais sous des formes différentes, moins brutales, mais toujours discriminantes.
De nombreux dirigeants, soucieux d’émancipation, voulant le bonheur de leur peuple-classe, ont été éliminés. Une « bonne bourgeoisie » africaine ou sud-américaine est une bourgeoisie dite « compradore » c’est à dire servile à l’égard des bourgeoisies du Nord et férocement dure à l’encontre de « son » peuple-classe. La férocité de la surexploitation des ouvriers proche de l’esclavage antérieur s’achète à prix fort : la corruption des dirigeants des pays dominés par l’impérialisme du Nord est une absolue nécessité. Elle implique aussi une corruption au Nord ainsi qu’une complexe stratégie de camouflage. Il faut notamment cacher aux populations du Nord éprises de liberté, d’égalité, de fraternité les mécanismes maffieux entre le Nord et le Sud. Il faut aussi en quelques sorte amoindrir ses capacités critiques par tous les méfaits de la consommation de masse, celle de la croissance productiviste.

Extraits d’un article de Christian Delarue dans la revue Les Zindigné(e)s de septembre 2014.

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