Nucléaire vs renouvelables

Dans un article publié en 2020 dans la revue Science, six chercheurs, passant en revue 45 technologies, concluaient d’ailleurs que les options à petite échelle (panneaux solaires, isolation des bâtiments, etc.), plus faciles à mettre en œuvre et plus réplicables, étaient plus pertinentes que les gros projets pour réduire rapidement nos émissions.
La comparaison des rythmes de développement respectifs du nucléaire et des énergies renouvelables est effectivement sans appel. Entre 1997 (année de la signature du Protocole de Kyoto) et 2020, la production annuelle d’électricité a crû de 1580 TWh pour l’éolien et 855 TWh pour le solaire, contre 289 pour le nucléaire. De 2010 à 2019, la production d’électricité nucléaire a crû de 1 %, contre… 312 % pour l’éolien et 2029 % pour le solaires ! En 2020, la capacité renouvelable installée a connu une croissance annuelle de 45 % qui, selon l’Agence internationale de l’Énergie, devrait devenir la nouvelle norme.

Un coût prohibitif

La rapidité n’est pas le seul paramètre à prendre en compte. Pour un euro investi, quelles options permettent de réduire le plus nos émissions ? Là encore, le nouveau nucléaire ne fait pas le poids. Entre 2009 et 2020, au niveau mondial le coût actualisé du solaire a baissé de 90 %, celui de l’éolien de 70 %… tandis que celui du nucléaire augmentait de 33 %. Le nucléaire est plus cher que l’éolien depuis 2011, et que le solaire depuis 2013. Selon l’Agence internationale de l’Énergie, cette dynamique se poursuivra dans les décennies à venir, le coût de production du solaire ne représentant plus que 1/5 de celui du nucléaire en 2050.

En France, l’électricité produite par le futur EPR de Flamanville a été estimée entre 110 € et 120 € le MWh… contre 60€ pour les derniers projets de parcs
éoliens offshore. Aux États-Unis, l’écart de coût disqualifie non seulement le nouveau nucléaire, mais aussi une partie des réacteurs les plus anciens : dans plusieurs cas, il est apparu plus rentable de fermer un site nécessitant trop de travaux et d’investir à la place dans les énergies renouvelables. Certaines centrales vieillissantes américaines n’ont d’ailleurs pu être maintenues en fonctionnement qu’au prix de coûteuses subventions publiques.

De fait, le développement et le maintien du nucléaire est financièrement impossible sans mécanisme de soutien étatique, comme c’est le cas en Chine, en Russie, en France ou au Royaume-Uni avec le projet d’Hinkley Point. C’est notamment pour cela qu’en 2020, les investissements dans les énergies renouvelables, dans le monde, ont été 17 fois supérieurs à ceux dans le nucléaire.

Certes, les énergies renouvelables demandent également des investissements non négligeables pour compenser leur variabilité. Mais certaines études comme celles du CIRED ont démontré que le surcoût pour l’ensemble du système énergétique demeurait limité, le coût global restant du même ordre de grandeur qu’actuellement.

Le nucléaire,un prétexte pour éviter le changement de système

Trop lente, trop chère, la construction de nouveaux réacteurs est inadaptée pour faire face à l’urgence climatique. Pire, ce projet vient détourner des sommes importantes d’autres choix qui pourraient permettre d’atteindre plus sûrement nos objectifs climatiques

Extrait d’un article de Charlotte Mijeon dans la revue Sortir du nucléaire du printemps 2022.

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