Masculinistes ouin ouin

« Les hommes ont peur que les femmes se moquent d’eux. Les femmes ont peur que les hommes les tuent. » Margaret Atwood.
Il est passé par ici, il repassera par là et mettra la corde au cou, coucou, à ces pauvres mâles alpha… Qui ça ? Le Mitou !
Le mouvement #MeToo, sorte de personnage, mi-typhon, mi-Attila, qui aurait changé le monde, et pas dans le bon sens ! Pour reprendre la formule consacrée par les médias, « on ne peut plus rien dire ! » Et même, « on ne peut plus rien faire ! ». Qui ça, « on » ?
On, les bien nommés « ouin-ouin », ceux qui étaient bien à l’aise dans l’avant-#MeToo, un monde sur mesure. Un monde marrant ! Un monde libre ! Ils abusaient dans tous les sens et passaient pour des bons vivants, des joyeux drilles. Ça devait être grisant d’avoir toujours raison ! Les filles en libre-service, les paluches en loucedé, le frotti-frotta dans le métro, les obscénités glissées à l’oreille, les torgnoles si nécessaire et les viols parce qu’il faut bien rigoler et se soulager les joyeuses. Luxe suprême : pouvoir accuser les filles d’être des allumeuses et d’avoir bien cherché ce qui leur arrivait.
Un monde idéal. Vilain Mitou a tout détruit! Ils savent plus quoi faire de leurs mains, de leur langue, de leur bite. C’est trop injuste, calimèrent-ils en chœur. Jouet cassé ! En vrai, le patriarcat supposé moribond se porte comme un charme. Violences sexuelles ? À 97% masculines. Ils harcèlent, frappent, violent, tuent autant qu’avant, voire plus. Partout des masculinistes, autre nom des ouin-ouin, jouent les féroces gardiens d’un ordre répugnant. Ce qu’ils veulent pour nous, c’est un destin de Servante écarlate (Roman de Margaret Atwood 1985). Ne baissons pas la garde. Rien n’est acquis.

Article d’Isabelle Alonso dans Siné mensuel de juillet 2023.