L’histoire du département de Mayotte

Mayotte connaît depuis plusieurs mois une crise de l’eau sans précédent. La situation de l’éducation et du système de santé est critique. Mais gestion coloniale oblige : le problème, ce sera l’immigration. Le 11 février Gérald Darmanin annonce que le gouvernement souhaite « prendre une décision radicale : la fin au droit du sol à Mayotte ».
Les sans-papiers et « l’immigration massive » dont parle Darmanin, proviennent quasi exclusivement des autres îles de l’archipel des Comores, situées toutes entre 70 et 190 kilomètres entre le Mozambique et Madagascar. Mayotte partage une unité historiquement forte avec le reste de l’archipel : une même religion – l’islam sunnite, une même langue – le shiKomori.

Mayotte n’a été séparée que très récemment dans son histoire des autres îles des Comores. L’archipel est passé d’un protectorat français en 1886 à un « territoire d’outremer » en 1946. Lors du référendum d’autodétermination, en 1974, l’archipel vote massivement pour l’indépendance.
L’État français organise alors la séparation du destin des îles en choisissant de ne prendre en compte le résultat que île par île. Mayotte ayant voté contre l’indépendance à 63,22 %, cette magouille référendaire permet de justifier leur séparation et de maintenir Mayotte française en dépit du reste des Comores et de l’ONU, qui reconnaît dans vingt résolutions depuis 1975 la souveraineté des Comores sur 1’île de Mayotte ; débutant par sa résolution 3385 dictant « la nécessité de respecter l’unité et l’intégrité territoriale de l’archipel des Comores, composé des îles d’Anjouan, de la grande-Comore, de Mayotte et de Mohél ».

Mayotte est désormais département français depuis 2011. De fortes oppositions de la population locale à l’immigration comorienne sur l’île peuvent s’expliquer par la volonté d’obtenir un meilleur cadre de vie et comme conséquence de la politique de division des communautés du colonialisme français qui tente d’y imposer son roman national. Cela n`est pas sans drames, depuis 1995 et l’instauration du « visa Balladur » restreignant la liberté de circulation dans l’archipel, on parle d’entre 7 000 et 20 000 morts en mer sur des kwassa, bateaux de pêche traditionnels. Morts qui auraient pu être évitées, mais que cette frontière coloniale au plein milieu de l’Océan indien a normalisé en fabriquant des « situations irrégulières », alors même que ces aller-retours étaient très fréquents, notamment pour voir de la famille éparpillée sur les îles.

Début d’un article du mensuel Alternative Libertaire de mars 2024.

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