L’État terrorise les éco-terroristes

Le 28 juin dernier, une poignée de personnes, parmi les milliers soutenant les Soulèvements de la Terre, étaient convoquées à la gendarmerie ou mises en garde à vue, principalement des représentants de syndicats tels que la Confédération paysanne, la CGT ou Solidaires, quelques jours après une vingtaine d’arrestations et la « dissolution » du mouvement. Le vocabulaire utilisé, « écoterroriste » et « ultragauche », aura précédé l’utilisation de moyens auparavant dédiés à des criminels et réseaux terroristes : opérations simultanées, intervention des services de « contre-terrorisme », portes défoncées, cagoules et fusils au petit matin…
Tout cela sous la pression de la FNSEA. Le syndicat agricole majoritaire a pourtant une longue histoire d’utilisation de la violence et l’agro-industrie parait un suspect idéal dans les étranges accidents de militants associatifs ou journalistes. Faut-il aussi rappeler que la Coordination rurale se permet de menacer des élus et de passer outre les décisions de justice sur, justement, les méga-bassines ?
Le virage autoritaire du gouvernement, depuis les Gilets jaunes jusqu’au Contrat d’engagement républicain, en passant par les menaces contre la Ligue des droits de l’homme ou le retrait de l’agrément de l’association anticorruption Anticor, est aujourd’hui manifeste. « Tout est en place pour que le Rassemblement national, qui a déjà l’institution policière pour lui à 70 %, impose sa loi », s’inquiétait sur Reporterre l’écrivain Alain Damasio. Face à cela, « il nous faut rester debout sur tous les fronts : l’action directe, l’activisme social, écologique et anticapitaliste, la lutte syndicale soutenue, les batailles juridiques pied à pied, la guerre des imaginaires et des récits dans le champ de l’art et des médias, et même le vote, qu’on a trop déserté : debout, debout, debout ! »
C’est ce que font les habitants d’Ariège et les migrants qui y passent ou s’installent, comme le montre le reportage photo que nous vous proposons dans ce numéro. C’est ce que font celles et ceux qui cherchent à mettre en place une sécurité sociale de l’alimentation pour lutter contre la précarité alimentaire et réorienter les pratiques agricoles, qui manifestent contre la privatisation et le gâchis de l’eau, qui créent des lieux de solidarité et d’émancipation par l’apprentissage de savoirs et savoir-faire… Alors bonne lecture, mais debout !

Édito de Fabrice Bugnot dans Transrural initiative de mai-juin 2023.

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