Les prédateurs au pouvoir

La contrainte écologique est devenue incontournable et doit être intégrée dans la course à l’argent. Faire de nécessité vertu, telle est la maxime du système capitaliste qui se nourrit des crises qu’il engendre. Les riches propriétaires des moyens de production ont construit une partie de leurs profits avec la gratuité des matières premières et la possibilité de déverser leurs déchets dans des poubelles à ciel ouvert dans les endroits les plus pauvres de la planète.

Le réchauffement climatique étant aujourd’hui irréversible les oligarques vont pouvoir se protéger, grâce a leurs immenses richesses. Ainsi, après l’ouragan Sandy à New York en 2012, il a été décidé de procéder à l’aménagement de l’East River, pour les parties les plus riches de Manhattan, avec un projet d’un demi-milliard de dollars délicieusement dénommé East Side Coastal Resilience Project.

Les prédateurs au pouvoir

Soucieux de se préserver du dérèglement climatique, dont ils portent une large part de responsabilité, les nantis vont ainsi aggraver les inégalités sociales et économiques et en même temps profiter du business lucratif de ce nouveau marché lié à l’adaptation aux bouleversements induits par les atteintes récurrentes aux équilibres du climat.
Dans cet arrangement avec la crise environnementale les capitalistes entreprennent la marchandisation des ressources naturelles avec la création de nouveaux produits financiers liés au carbone, à la biodiversité ou aux catastrophes naturelles. L’écologie est aujourd’hui au cœur des rapports de classe : les riches vont tenter de mettre à leur seul profit les conséquences de ce qui s’annonce comme un tsunami dévastateur pour les peuples qui n’auront pas les moyens de se protéger des dégâts liés au réchauffement climatique.
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Dès le début des années 1970 le géant américain des hydrocarbures Exxon Mobil a commencé à faire travailler les scientifiques sur le réchauffement climatique. Celui-ci ayant été avéré, le groupe pétrolier s’est mobilisé contre cette information dramatique.
Admise en privé dans les hautes sphères de l’oligarchie mondiale, elle devait être niée devant les peuples. Pour cela Exxon Mobil n’a pas hésité à financer le mouvement Climatosceptique, ce qui a retardé la prise de conscience de la gravité de la situation.
Le lobbying acharné des pays charbonniers et gaziers a abouti à ce que toute mention des énergies fossiles soit supprimée de l’accord issu de la Conférence de Paris sur le réchauffement climatique, la COP 21, qui s’est tenue du 50 novembre au 11 décembre 2015.
L’article 52 de cet accord exclut, à la demande des États-Unis, toute responsabilité juridique et donc la possibilité de demander des indemnisations devant les tribunaux.

Les pays du G20 se sont engagés à éliminer progressivement les subventions aux énergies fossiles, mais en réalité il n’en est rien, les gouvernements continuent d’attribuer 452 milliards de dollars par an pour la recherche et l’exploitation de carburants fossiles, ce qui représente quatre fois le soutien aux énergies renouvelables.

Les États-Unis offre chaque année 20,5 milliards de dollars pour le développement des énergies fossiles soit 51 fois leur aide aux pays sous-développés pour faire face au dérèglement climatique. Le groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) recommande de maintenir sous terre 80 % des réserves d’hydrocarbures déjà recensées, charbon, pétrole et gaz naturel, pour avoir 66 % de chances de limiter le réchauffement climatique à 2°. Mais entre faire du fric ou sauver la planète les investisseurs financiers ont fait leur choix. Depuis 20 ans qu’il existe des conférences internationales sur le climat, les émissions de CO2 ont augmenté de 60 % !

Deux extraits du livre Les prédateurs au pouvoir de Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon.

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