Pourquoi vous devriez vous informer autrement ? La réponse dans cette vidéo.
Les écoterroristes de l’Office français de la biodiversité
Méconnu jusqu’alors, et pour cause : à peine 3 000 agents sur l’ensemble du territoire, dont un peu plus de la moitié assure des missions de police, et pas seulement, puisque ces « inspecteurs de l’environnement » ont aussi très largement des missions d’expertise sur l’eau, la biodiversité. Pour mémoire, les effectifs de la police nationale sont, eux, de l’ordre de 150 000. Ce sont ces agents publics donc, chargés de faire respecter le droit de l’environnement, qui sont aujourd’hui la cible du nouveau gouvernement. Le Premier ministre va même jusqu’à parler de « faute ». Il leur est en particulier reproché d’être armés, comme si c’était un choix de leur part, oubliant de fait l’origine de cette police dite spéciale : la majorité des effectifs a été constituée à partir de l’ancien office de la chasse (et de la faune sauvage), chargé, comme son nom l’indique, de la police de la chasse, dont les interlocuteurs principaux ont la caractéristique principale d’être… armés.
Les personnels, comme tant de fonctionnaires aujourd’hui, en ont ras-le-bol. L’intersyndicale de l’OFB a ainsi enclenché une action, particulièrement suivie dans la plupart des services départementaux – actions de refus d’instruire les dossiers, appel à la grève et aux manifestations le 31 janvier, etc. – pour sortir de ce piège infernal, dans lequel, bien que régulièrement agressés dans leur cadre professionnel, ils sont accusés d’être des fauteurs de troubles. Des accusations qui ne sont pas loin de l’utilisation jusqu’à plus soif par le camp présidentiel du concept d’ « écoterrorisme », afin de mettre les défenseurs de l’environnement, y compris ceux qui le font par leurs missions de service public, en opposition frontale avec les gens qui souffrent, ici les agriculteurs. Ce ne sont pourtant pas les défenseurs de l’environnement qui sont responsables du désarroi qui a gagné le monde agricole, face aux dérèglements planétaires : retournement en 2023 des cours mondiaux sur certains produits, provoquant un effondrement des revenus moyens, menaces de barrières douanières à l’exportation, concurrence déloyale, sans parler des effets du dérèglement climatique. Ce ne sont pas non plus les défenseurs de l’environnement qui sont responsables des extrêmes disparités dans les revenus des agriculteurs (10 % ont des revenus négatifs, et 25 % touchent moins de 5 O00 euros par an en moyenne, mais la situation est pire dans certaines filières).
Et ce n’est certainement pas de la « faute » des défenseurs de l’environnement si la politique agricole privilégie aujourd’hui les volumes plus que la qualité sociale, sanitaire et environnementale de notre alimentation : sauf exceptions, plus la taille de l’exploitation est grande, plus le montant des subventions par emploi augmente, et plus le nombre d’emplois par hectare diminue. Dans le monde agricole aussi, quelques-uns gagnent beaucoup sur le dos du plus grand nombre.
Par sa rhétorique, l’objectif du gouvernement est clair : empêcher toute convergence entre la préservation des ressources naturelles et la politique agricole, ne pas laisser penser que le modèle productiviste actuel pourrait être remis en cause, quelles que soient ses dérives. À travers ces attaques contre ses propres agents, le gouvernement s’exonère à bon compte de toute responsabilité politique vis-à-vis du monde agricole. En matière d’écologie, de la pitoyable issue donnée à la Convention citoyenne sur le climat de 2019-2020 au budget 2025 version Bayrou, où le ministère de l’Écologie serait l’un des plus sacrifiés (- 10 %), les gouvernements Macron enfoncent toujours le même clou. Les agents publics de l’environnement en feront toujours trop, puisque, de toute façon, il s’agit surtout de ne rien faire. Voilà où est la « faute », Monsieur Bayrou. Et c’est la vôtre.
Article dans « Démocratie et socialisme » de février 2025, le mensuel de la Gauche Démocratique et sociale.