Pourquoi vous devriez vous informer autrement ? La réponse dans cette vidéo.
L’éolien et la start-up nation
L’éolien en mer cumule les avantages. Avec un facteur de charge (une rentabilité énergétique, en gros) de 50 % supérieur à l’éolien terrestre, puisque le vent y souffle davantage. Et pas de contraintes ou de désagréments pour les habitants. Mieux encore : le nec plus ultra, désormais, c’est l’éolien flottant. Les éoliennes reposent sur des flotteurs, très loin des côtes. Avec un facteur de charge plus intéressant encore, un faible impact sur la biodiversité, peu de béton immergé… La technologie, en revanche, exige des investissements énormes, on l’imagine bien, que seuls de très grands groupes – beaucoup sont déjà sur le coup – ou un Etat peuvent mettre sur la table. D’où l’importance, du coup, que l’Etat « reprenne son destin en main », pour reprendre les mots d’Emmanuel Macron…
[…]Dans ce coin, quand le vent se lève, les vagues peuvent aller jusqu’à vingt mètres de haut, il expliquait. C’est d’ailleurs pour ça qu’on pose nos éoliennes flottantes aussi loin, le rendement est beaucoup plus efficace au large. Et puis les riverains se plaignent moins quand elles sont aussi éloignées des côtes. […] Et ça se démonte aussi. On n’aura aucun mal a les démanteler.
Ça n’a que des avantages, du coup. Vous êtes combien a travailler dessus ?
On est une trentaine d’ingénieurs et dix chercheurs, en tout.
[…]
Combien de chercheurs bossent pour le CEA (commissariat à l’énergie atomique)? Et combien pour le projet Manhattan, sur la bombe nucléaire, pendant la guerre, aux États- Unis ? Voir si on est à la hauteur d’une économie de guerre climatique…
[…] plus de 20 000 chercheurs salariés au CEA, 1000 lorsque le centre a été créé. Pareil pour le projet Manhattan : 1000 à la création, 38 O00 trois ans plus tard. […]Les politiques volontaristes des Allemands, Danois, Néerlandais et Britanniques ont permis aux chaînes de valeur étrangères de structurer une position dominante sur les activités d’installation grâce à des flottes de navires spécialement armés. La filière française dispose à ce jour d’une maîtrise limitée des opérations d’installations et de logistique maritime. » Pour dire les choses de manière moins policée : on est à poil. Toute la filière reste à créer.
Et pire sans doute, encore : qui, aujourd’hui, produit les éoliennes offshore ? Qui les fabrique, les conçoit, choisit de les installer ici ou là, en fonction des prix qu’il fixe, du marché, de ses intérêts ?
« L’Haliade-X de General Electric, l’éolienne en mer la plus puissante du monde, entre en service. » En cette fin 2019, la presse spécialisée et généraliste se pâmait, devant cet engin « hors-norme », qui allait « produire plus d’électricité, à moindre coût et avec une empreinte écologique limitée ».
Un détail important : le constructeur. General Electric. Or la même presse, cinq ans plus tôt, en 2014, racontait : « Alstom a choisi l ‘offre de l’américain General Electric pour reprendre ses activités Énergie au complet. Un rachat (…) qui permettra au conglomérat d’acquérir un copieux portfolio technologique, des turbines Arabelle pour le nucléaire à l’Haliade pour l’éolien offshore. GE met la main sur un champion de l’innovation. »Qui, ici, fera le lien avec l’action les manigances d’Emmanuel Macron en 2014, qui ont abouti à ce que General electric dévore Alstom ?
C’est cette vente à la découpe des joyaux de la couronne qu’on paye aujourd’hui. Qui met des boulets aux pales de nos éoliennes, des obstacles sur la route de l’indépendance énergétique, d’une protection contre les crises géopolitiques et climatiques, d’un objectif de zéro émission carbone en 2050. […] c’est leur obsession, les profits. Mais où est l’État pour mettre de l’ordre dans tout ça, siffler la fin de la récré, et servir les intérêts des gens ? Tout ça parce qu’Emmanuel Macron, et les autres aveugles comme lui par leur dogmatisme, le libre marché, la libre concurrence, ont refusé toute « vision romantique de l’approche française »… Reste que la vision moins « romantique », plus « pragmatique », celle du tout marché : ça foire.
Extrait d’un dossier dans le journal Fakir de septembre 2023.