Pourquoi vous devriez vous informer autrement ? La réponse dans cette vidéo.
Le sport business, stade suprême du consumérisme
L’industrialisation du sport menace l’environnement et le dérèglement climatique menace de nombreux sports. En réaction, des pratiques sportives utiles, conviviales et durables – totalement dans l ‘esprit low-tech se développent, hors des circuits du sport business. État de l’art et tour d’horizon.
Qu’il soit pratiqué seul ou dans un cadre collectif, le sport s’apparente de plus en plus clairement à un « système de compétitions physiques (…) dont l’objectif est de mesurer, de comparer les performances du corps humain conçu comme puissance sans cesse perfectible »(Jean-Marie Brohm). Compétition contre d’autres, ou même contre soi-même.
Tout comme la médecine, le sport a progressivement adopté la vision mécaniste de la chose humaine. Il se confond désormais avec l’ingénierie, dont il a récupéré le vocabulaire : optimisation, monitoring statistique, modélisation, résultats, performance… L’ambition du sportif ? Se rendre maître et possesseur de son corps et de son « mental ». Ambition qui rappelle étrangement la doxa transhumanisme, dont le marketing sportif reprend, à l’envi, le « violent catéchisme futuriste » (Robert Redeker) et la « propagande du progrès » (Paul Virilio).
D’ailleurs, la devise originale des Jeux Olympiques (plus vite, plus haut, plus fort) est, désormais, tellement associée au culte de la performance et à la course au dopage, que le CIO a décidé d’y ajouter le mot « ensemble ». Mais, trop tard : l’important n’est clairement plus de participer, mais de faire du chiffre.
Le sport business, stade suprême du consumérisme.
Pourtant, dans la France de la fin du XIXe siècle, le sport était encore une activité de loisir associative et désintéressée. Le professionnalisme y était honni. On retirait même les titres sportifs acquis par les sportifs qui touchaient de l’argent. C’est sur cette vision « honorable » que le sport s’est développé en France, aux antipodes de la logique entrepreneuriale actuelle. Cela dura jusqu’aux années 1930. Mais, ce ne furent pas les sportifs qui exigèrent leur professionnalisation. Ce furent les industriels qui, inspirés par l’Angleterre libérale, ont créé de nombreux clubs sportifs dans le cadre de leurs politiques paternalistes – il faut bien offrir quelques distractions aux ouvriers !
Et, ce qui devait arriver, arriva : peu à peu, les logiques de capitalisation et de rentabilité s’immiscèrent dans la vie des sports populaires, comme le cyclisme et le football.
C’est ainsi que Jean-Pierre Peugeot, troisième du nom et patron du groupe automobile éponyme, fondera le FC Sochaux. Le premier club de foot professionnel Français s’entraînait au beau milieu de ses usines Franc-Comptoises, sur la pelouse du stade de la Forge. Trois ans plus tard, Peugeot exigera que le championnat de football soit professionnalisé. Et, pour faire céder la Fédération française de football, très réticente, il la menacera tout simplement de financer des clubs et un championnat parallèles. Nous aurions pu en rester là : un mélange – très hypocrite – de spectacle, de politique et de sponsoring publicitaire ?
Mais deux novations techniques vont faire basculer le sport professionnel dans le sport business : la radio et la télé.
Début d’un article de Valéry Pol dans le Low tech journal de juillet 2024.