Le nucléaire, un business prometteur

D’après le magazine « Science et vie » de septembre (…) sur la base de rapports tout à fait officiels (…) au cœur de l’appareil d’État, on se prépare désormais activement et assez ouvertement à gérer un accident atomique grave. Il faut se rendre compte de l’énormité de la nouveauté : pendant des dizaines d’années, toute personne impliquée dans l’entreprise de nucléarisation de la France niait farouchement la possibilité d’un tel événement.
Bien sûr, ce revirement est une retombée de la catastrophe en chaîne survenue au Japon à partir du 11 mars 2011. Mais c’est aussi sans doute un effet des choix fondamentaux opérés implicitement par les autorités ces derniers mois. En ce mois d’octobre 2014, ce sont plus de 33 réacteurs sur 58 qui ont atteint ou dépassé les 30 ans de fonctionnement (…)
En 1964, la durée de vie envisagée par la commission PEON pour ces futurs réacteurs nucléo-électriques se situait dans une fourchette de 15 à 30 ans, avec une durée de 20 ans privilégiée dans les calculs. (…)
Ainsi, en 2014, un magazine grand public, disponible dans tous les kiosques de France, peut titrer sur la probabilité d’un accident nucléaire dans un futur proche sans que s’ensuive aucune réaction populaire ou aucune polémique médiatique.
Après des décennies de dénégation, nous sommes désormais face à une stratégie de banalisation. La perspective d’une catastrophe et d’une contamination radioactive massive de l’hexagone est intégrée aux prévisions des spécialistes et des administrations. Elle pourrait un jour, qui sait, faire partie du cours normal de l’économie et de nos soucis quotidiens. À l’instar du lucratif marché de l’assainissement de l’eau, le marché du matériel de détection de la radioactivité, de protection, de décontamination est une manne sans fin (M.-C. Gamberini).

Extraits d’un article de Matthieu Amiech dans le journal CQFD de novembre 2014.

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