Le nucléaire pollue nos cours d’eau

L’eau est un bien commun, une ressource qui se partage et se protège collectivement. Pourtant, l’industrie nucléaire pille, gaspille et fragilise cette ressource de plus en plus rare et précieuse. Pollutions chimiques, contaminations radioactives, rejets non autorisés, forages en nappe phréatique… Lister les accidents sur l’année qui vient de s’écouler
souligne l’urgence à arrêter l’exploitation de centrales nucléaires […]

JUIN 2021
À Paluel, Penly et Flamanville, les boues des stations d’épuration qui traitent les eaux usées classiques contenaient du cobalt 60. De quoi questionner le confinement de la radioactivité… Alors qu’elles auraient dû être traitées en déchets nucléaires, EDF les a envoyées vers des filières conventionnelles durant des années. Les faits, connus depuis 2019, ont été déclarés au public en juin 2021.
EN JUILLET
À Flamanville, des hydrocarbures ont été déversés dans le réseau d’eaux pluviales, directement relié à la nature. […]
EN SEPTEMBRE
Dans la Loire, là où la centrale de Saint-Laurent-des-Eaux rejette son eau chaude, la prolifération d’agents pathogènes (amibes et légionelles) était telle qu’EDF a dû « traiter », en déversant des litres de produits biocides (javel et ammoniac), littéralement qui-tue-le-vivant. Avec quels impacts sur le reste de l’écosystème ?
Du côté de Civaux, des taux d’hydrocarbures six fois supérieurs au maximal autorisé ont été mesurés dans le réseau d’eaux pluviales. EDF s’en est rendu compte trop tard pour stopper la pollution avant qu’elle n’atteigne la Vienne.
EN OCTOBRE
À Cruas, EDF a jeté des déchets dans le Rhône avant de savoir ce qu’il y avait dedans. Une tradition locale peut-être, puisqu’on apprendra peu après que depuis 2013, acide sulfurique, javel et ammoniac sont envoyés là où ils ne sont pas censés aller, dans un ruisseau, parce que l’exploitant ne connaît pas ses circuits.
EN DECEMBRE
À Chinon, l’Autorité de sûreté nucléaire a stoppé les forages dans la nappe phréatique sous le site. Elle a autorisé le pompage de milliers de litres pour doter la centrale d’une nouvelle source de refroidissement, mais elle avait imposé des précautions pour éviter et détecter les pollutions des sols et des eaux que les travaux pouvaient générer. Précautions sur lesquelles EDF s’est en partie assis.
FIN 2021
Un réservoir d’effluents radioactifs a débordé à la centrale du Tricastin. Plus de 900 litres se sont infiltrés dans le sol et ont atteint la nappe phréatique. Des pics de tritium à près de 29 000 Bq/l y ont été mesurés. Une importante pollution radioactive, extrêmement
mobile dans l’environnement et qui contamine aisément les systèmes biologiques.
DÉBUT 2022
Le site du Bugey pollue le Rhône avec un cocktail chimique. Un circuit « inétanche » (pour ne pas dire percé) se déversait dans le réseau d’eaux pluviales qui s’écoule à son tour dans le fleuve.
À Cattenom, la centrale a mis des arcs-en-ciel dans la Moselle : des litres d’hydrocarbures ont irisé le fleuve suite à une erreur et une absence totale de questionnement sur ses conséquences.
EDF ne s’est aperçu de rien, c’est la police fluviale qui a repéré la pollution.
EN MARS
La centrale de Golfech a déversé dans la Garonne plus de 5 000 litres d’acide sulfurique, un des acides les plus puissants. Là encore la fuite était visible. La pollution aurait pu être évitée si EDF avait surveillé les injections chimiques dans les circuits de refroidissement.
EN AVRIL
La centrale de Cruas déverse à nouveau des doses massives d’ammoniac et de javel dans le Rhône en raison de la prolifération d’agents pathogènes.
EN MAI
À Flamanville, des hydrocarbures sont à nouveau présents dans le réseau d’eaux pluviales. Là encore, dans des taux supérieurs à ce qui est autorisé.
EN JUILLET
La centrale de Belleville déverse son « traitement » contre les amibes qui pullulent dans la Loire…

Extraits de la revue Sortir du nucléaire de l’automne 2022.

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