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Le nucléaire merveilleux
« Le nucléaire permet de produire beaucoup d’électricité à des prix bas et de manière fiable », « La seule chose qui s’échappe des centrales nucléaires c’est de la vapeur d’eau”, « On a une technologie qui est parfaitement éprouvée et qui a pendant 40 ans en France fait la démonstration qu’elle marchait sans aucun problème », « Les risques [du nucléaire] ne se sont jamais matérialisés »… Pendant l’heure et demie de débat l’opposant au Réseau « Sortir du nucléaire », Myrto Tripathi a servi l’intégralité du pamphlet aussi lisse que creux des pro-nucléaires.
À plusieurs reprises, elle a laissé entendre que les centrales nucléaires ne polluent pas, réduisant l’impact de cette industrie sur le vivant et l’environnement aux faibles émissions de gaz à effet de serre ou à la vapeur d’eau s’échappant des tours de refroidissement. Une bien jolie pirouette omettant l’amont et l’aval de l’exploitation nucléaire. Faut-il rappeler que l’extraction et la transformation du minerai d’uranium sont responsables de millions de tonnes de boues radioactives qui menacent les ressources en eau des populations autochtones, comme le documente notamment le laboratoire indépendant de la CRIIRAD au Niger ? Que le nucléaire est le seul mode de production d’électricité à créer des centaines de milliers de m3 de déchets radioactifs, dont certains pour des dizaines voire des centaines de milliers d’années ?Même en ne se concentrant que sur la partie « production d’électricité », tout n’est pas rose au pays du nucléaire. Chaque année, les centrales nucléaires rejettent des polluants chimiques et des effluents radioactifs dans l’environnement. Mais la présidente des Voix du Nucléaire affiche une confiance débordante dans le nucléaire et notamment la sûreté de ses installations, allant même jusqu’à affirmer que « les risques [du nucléaire] ne se sont jamais matérialisés ». Même en admettant qu’elle ne se concentre que sur
la France, cette affirmation est complètement fausse : la centrale de Saint-Laurent des Eaux à elle seule a connu deux accidents, l’un en 1969 et l’autre en 1989. Le problème de corrosion sous contraintes décelé en 2022 sur plusieurs réacteurs et les incidents répétitifs montrent aussi que les installations nucléaires présentent des défaillances, qui risquent de s’aggraver à mesure que le parc vieillit.À nouveau, pas d’inquiétude pour Myrto Tripathi, qui, en jetant un œil dans le rétro, estime que l’ « on a une industrie nucléaire en France qui a parfaitement fonctionné pendant 40 ans », bien qu’ayant eu « ses hauts et ses bas » et n’étant pas « complètement exemptes d’incidents et de problèmes ». Pour elle, le futur est radieux : « On a appris, on a amélioré nos procédés. D’autres générations de réacteurs vont arriver et continuer de réduire ces risques de par leur conception. » Capotage à répétition des réacteurs EPR, retard dans la conception des EPR2, augmentation de leur coût, abandon de projets de SMR… Le futur de la filière est tout aussi incertain, n’en déplaise à la présidente des Voix du Nucléaire.
« Si on n’avait pas eu un mouvement antinucléaire, on ne serait pas dans la situation dans laquelle on est actuellement » estime Myrto Tripathi au sujet du réchauffement climatique. Elle juge dans le même temps les antinucléaires responsables d’avoir freiné le développement du nucléaire dans le monde et participé à son déclin. Flatteur, mais l’industrie nucléaire, accablée par les surcoûts et retards de ses chantiers, ne démérite pas dans son auto-sabotage ! La hausse du coût de production de l’électricité d’origine nucléaire, bien au-dessus de celui de l’éolien et du solaire, est d’ailleurs ce qui incite le GIEC à classer le nucléaire comme une option présentant peu de potentiel pour atténuer le changement climatique d’ici à 2030.
Début d’un article dans la revue Sortir du nucléaire de janvier 2025.