Le grenelle de la connerie

En 1914-1918 puis en 1939-1945, les femmes ont bossé et fait tourner le pays pour remplacer les mecs partis combattre. Dès la fin des hostilités, retour dans leurs foyers avec, en avril 1945, une récompense qui n’est qu’une prérogative légitime : voter. Il leur faudra attendre vingt ans pour qu’elles aient le droit de travailler et d’avoir un compte en banque sans le consentement des maris… et vingt-cinq ans pour obtenir l’autorité parentale. Plus marrant, l’interdiction pour les femmes de porter un pantalon à l’Assemblée nationale est abrogée en janvier 2013. Merci les mecs !
Les canons grondent. Désormais, les nanas ont le droit d’aller se battre, l’égalité quoi. Mais qu’on soit femme ou homme, mourir pour son pays n’est pas urgent. Non merci, vos guerres on n’en veut pas, à part peut-être madame Thatcher.
D’autres puissants imbéciles s’en donnent à cœur joie.
Le va-t-en-guerre Macron réclame à cor et à cri une armée européenne. Les États-Unis aident l’Ukraine, yes, mais bloquent l’adhésion pleine et entière des Palestiniens à l’0NU. Netanyahou croule sous les armes envoyées par les ricains ; les Palestiniens sous les bombes.
Je viens de terminer Guerre et Pluie, le dernier livre de Velibor Colic, un chef d’œuvre. Bosniaque, enrôlé de force pendant la guerre en ex-Yougoslavie, il se voulait écrivain. Il se retrouve soldat. L’auteur raconte sa guerre et écrit : « Si vous voulez provoquer une catastrophe, c’est assez simple : vous armez les cons. » Je ne dirais pas mieux.
Je saute du coq à l’âne. Le Premier ministre montre ses muscles de père fouettard en réclamant l’ordre, l’obéissance des ados, bons à embastiller de 8 heures à 18 heures, largement plus que les 35 heures ! Ces mesures répressives consternent l’écrivain Mahir Guven : « Appeler à plus de violence pour contrer la violence : ça ne marche jamais. Cher Gabriel Attal, à ce rythme, mieux vaut organiser un Grenelle de la connerie. » (Libération 19 avril 2024)
Pas mieux non plus !

Article de Catherine Weil Sinet dans Siné mensuel de mai 2024.

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