La FNSEA au gouvernement

On était habitué à ce que ce syndicat un tantinet voyou fasse courber l’échine à « son » ministre, mais la limite de la servilité est franchie quand ce dernier cautionne les basses œuvres syndicales, à savoir continuer à pourrir la santé, exterminer les oiseaux, les poissons, toute la nature, et mettre la planète en surchauffe. Le ministre épouse le combat de la FNSEA, qui refuse de prendre en compte l’avis de l’Anses sur les risques cancérigènes de la molécule S-métolachlore, un herbicide, le troisième le plus vendu en France, utilisé dans les cultures de maïs, de tournesol, de sorgho et de soja. Molécule que l’Anses a trouvée dans les eaux souterraines et de surface à des concentrations dépassant les normes de qualité. Dit autrement, et toujours par l’Anses, environ 1,6 million de Français ont bu du S-méto1achlore en 2020. Sans compter la toxicité du produit pour les animaux aquatiques. Même inquiétude sur le produit du côté de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) et de l’Agence
européenne des produits chimiques (Echa). […]

L’affaire fait suite à une série de décisions et entraves qui balisent l’exercice macronien du pouvoir et font sens : suppression du Haut Conseil des biotechnologies (HCB) pour enrayer l’évaluation coordonnée des OGM et l’expression de la société civile ; échec des plans Écophyto II visant 50% de baisse d’usage des pesticides ; recul sur l’interdiction du glyphosate ; préfets aveugles aux épandages et forages illégaux, aux haies arrachées, aux ruisseaux comblés ; refus d’évaluer correctement les variétés rendues tolérantes aux herbicides (VrTH, dite aussi OGM cachés) alors qu’ils contiennent des coformulants (formaldéhyde et métazachlore) classés cancérigènes pour l’homme ; dérogations pour l’utilisation des néonicotinoïdes interdits ; pression, début mai, du même Sinistre sur l’Office français de la biodiversité pour suspendre les contrôles de l’utilisation des pesticides chez les arboriculteurs ; blanc-seing aux prélèvements pour irrigation donné par ce même Sinistre au même congrès syndical ; rejet de la proposition de loi interdisant les additifs nitrés dans les charcuteries (cause de cancers colorectaux).

Dans ses propos, le Sinistre emploie, comme en miroir, les mêmes mots que la FNSEA. Toutes leurs turpitudes sont maintenant marquées du sceau de la « souveraineté alimentaire ». Plus le mensonge est gros, plus il passe ! La FNSEA a l’habitude de prendre les idées qu’on lui oppose pour les vider de leur sens. Le Sinistre, en bon élève, ânonne le Catéchisme syndical. Or à qui devons-nous d’importer la moitié de nos fruits et légumes ? À qui devons-nous de nourrir les élevages avec du maïs et du soja d’importation ? À qui devons-nous la dépendance aux molécules biocides de synthèses ? La dépendance aux importations de gaz pour faire de l’azote, aux importations de potasse et de phosphate ? À qui sinon à la FNSEA, qui depuis 1962 tient les rênes des politiques agricoles ? Combien coûte à la nation l’errance de son modèle agricole depuis des décennies (coûts humain, social, environnemental, économique, politique) ? Quand jugera-t-on la responsabilité de la FNSEA dans la fragilisation de la souveraineté et de la sécurité alimentaires du pays ?

Extraits d’un article d’Antoine Lopez dans Siné mensuel de juin 2023.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *