La dématérialisation

L’impact spatial et énergétique des data centers sur les territoires (Rapport Ademe 2019).
En 2021, on recensait 8200 data centers dans le monde. Il en existerait davantage pour répondre à l’accroissement exponentiel des données. La France, huitième au palmarès, en possède 250 dont 150 en région parisienne. Le dernier a été implanté à Plaine Commune (Seine-Saint-Denis), sur les 7 hectares de l’ancien site d’Eurocopter. Il est géré par Interxion, le premier groupe européen de data centers, qui réalise un chiffre d’affaires près de quatre fois supérieur à celui d’Air France.

Enfin, l’électricité. Non seulement toutes ces machines infernales coûtent un pognon de dingue, mais elles surconsomment. Pour elles, c’est ceinture et bretelles. « Ces cocons technologiques sont deux fois raccordés au réseau pour contrôler tout risque de panne que
provoquerait la moindre modification de la température ou une coupure de courant. D’immenses salles pleines de batteries ont été installées. Ces piles géantes sont changées tous les trois ans, sans avoir été utilisées. » Un gaspillage vertigineux pour éviter l’impensable dans ce monde de l’hyper profit : que des milliards soient empêchés de circuler chaque seconde. Globalement, le numérique est énergivore dans des proportions délirantes. Quelques chiffres : la consommation en électricité d’un data center moyen est équivalente à celle d’une ville de 50 000 habitants ; l’ensemble des data centers de l’Île-de-France consomme l’équivalent de deux réacteurs de la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine, dans l’Aube ; aujourd’hui, le secteur du numérique avale 10 % de l’électricité mondiale. En 2025, il pourrait engloutir 25 % de la production (projection du think tank français The shift Project). Une démesure que rien ne semble pouvoir freiner. Et on nous parle de cols roulés…

Extrait d’un article de Véronique Brocard dans Siné mensuel de janvier 2023.

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