Insoumis et démocrates !

[…] Et là, on est encore les méchants avec le PC ? Les différences ne sont pas politiciennes. Nous n’avons pas la même stratégie ! Nous avons construit un mouvement avec des méthodes participatives qui rompent avec celles du passé. Qui dérangent peut-être les autres.
Je ne mets pas dans le même sac les frondeurs et le PC. Avec le PC, on a construit une histoire. On se suit depuis de nombreuses années, on a eu le temps de la discussion.
Avec les frondeurs du PS, je demande à voir. Ils auraient pu faire la différence lors du quinquennat Hollande, Vraiment s’opposer, déposer une motion de censure, etc. Ils ne l’ont pas fait. On peut s’interroger sur la solidité de leurs convictions. […]

[…] j’ai rejoint Mélenchon sur la campagne contre le Traité constitutionnel européen parce que, justement, on y apprenait à réfléchir collectivement. Il a toujours su s’entourer de plus jeunes que lui pour s’inscrire dans l’époque dans laquelle il vit, […]

La rédaction de Siné Mensuel : – La décision sur la position à adopter au second tour, qui a été très critiquée, a-t-elle été discutée collectivement ?
Charlotte Girard : – Bien sûr. C’était : pas une Voix pour Le Pen mais on n’appelle pas à voter Macron. Nous n’étions pas tous, y compris autour de la table, du même avis, et nous avions en mémoire 2012. Voter tout de suite pour « le moins pire », le vote par défaut, ce n’était pas possible d’entraîner les gens là-dedans. Mais l’option Le Pen n’existait pas pour nous.
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La rédaction de Siné Mensuel : – Est-ce qu’il y a des mesures avec lesquelles vous pouvez être d’accord dans son (Macron) programme ?
Charlotte Girard : – Excusez-moi mais ça ne sert à rien de poser cette question. À partir du moment où on a une pensée construite, il n’y a pas de saupoudrage possible. Ce serait une grave erreur de croire que Macron n’a pas de pensée. Il faut prendre au sérieux les programmes politiques. Les mesures de Macron font partie d’un tout ; il y a un projet de société derrière.
Vous me direz : « Ça fait un peu bloc, du coup. » Hé oui ! C’est ça le sérieux de la politique : montrer qu’il y a des alternatives.
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Tout ce qui avait été gagné dans cette campagne-là s’est ensuite perdu dans un cartel d’organisations. On ne veut pas recommencer. D’où la difficulté qu’on a actuellement avec le PCF. Parce que finalement, ce qui était offert, là, et même avec Les Verts, et même avec le PS, c’était de refaire un cartel. Une gauche plurielle, quoi. Un format qui, de notre point de vue, est voué à l’échec. Nous devons continuer d’agglomérer, de créer de la culture commune. Depuis le deuxième tour, on a une recrudescence d’adhésions, ce qui nous rend optimistes.
[…]
Les grandes entreprises, les grands médias. On se retrouve avec une sorte d’oligarchie qui impose des règles, économiques notamment. Cet ordre nous semble vicieux pour la démocratie, pour l’égalité sociale et pour l’écologie. Ce système-là, il est à l’œuvre, il travaille, il produit des normes auxquelles nous nous soumettons.

Nous appelons à renverser cet ordre par les urnes. Sinon, il risque d’y avoir beaucoup de violence. Pour cette raison, nous sommes très sensibles à la question démocratique, à la question républicaine, au sens du principe de l’élection, du vote, de la participation au vote, etc. Pour nous, c’est central. Sans réponse politique, avec ce niveau de violence sociale, ce système va produire des catastrophes humaines.

Extraits d’un entretien entre Charlotte Girard, porte-parole de La France insoumise, et la rédaction de Siné mensuel dans le numéro de juin 2017.