Green communication et cynisme

Les annonces faites récemment à propos d’écologie ont été nombreuses : plan sur l’eau, « ferme France », « industrie verte », réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Cependant, si on y regarde plus précisément, tout y est « vert » mais rien n’est véritablement écologique.
Ces différentes annonces dessinent au contraire la perspective d’une fuite en avant dans le système qui nous a menés à la catastrophe.
Les objectifs de réduction des émissions de GES sont ceux du pacte vert européen de 2019. Comment va-t-on y arriver ? Principalement par une électrification massive et divers mécanismes permettant d’ « absorber » du carbone. Ces objectifs sont définis selon le principe de compensation, en termes de « net zéro » : on peut émettre tant que l’on absorbe. Mais, par exemple, le remplacement de tout le parc automobile est-il vraiment écologique ? Il faut plusieurs centaines de kilos de métal pour construire un véhicule électrique : lithium, cuivre, nickel, terres rares.
Les mines sont vouées à s’étendre, avec leur cortège de pollutions et de drames. Il n’y aura de toute façon jamais assez de métaux, on peut déjà anticiper des pénuries, et l’Europe dépendra encore plus du reste du monde pour l’accès à ces métaux stratégiques. Et que va-t-on faire des millions de vieilles voitures ? C’est absurde.
Dans le même temps, pour industrialiser encore plus vite, Emmanuel Macron demande une « pause dans les réglementations environnementales » et une simplification des procédures pour installer de nouvelles industries et centrales nucléaires. Selon ses termes, il faut « hyper-accélérer » pour « rassurer les investisseurs […] sur les plans fiscal, social et réglementaire », construire des gigafactories partout, c’est-à-dire encore bétonner. Comment cela sera-t-il compatible avec l’objectif de « zéro artificialisation nette » des sols ? Remarquez là aussi le principe de compensation : on peut bétonner ici tant qu’on « renature » là.
Quant à l’agriculture et à la « ferme France », les mesures annoncées renforcent un productivisme déjà effréné.
Le ministre de l’Agriculture pourra passer au-dessus des avis de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, quand celle-ci préconise, par exemple, de retirer du marché un pesticide dangereux. Partout, il s’agit d’agrandir encore les exploitations pour être « plus rentables et plus compétitifs », d’augmenter les rendements, d’installer des mégabassines, de tenter de déréglementer les « nouveaux OGM », de connecter un outillage agricole de plus en plus énorme : bref, l’agriculture industrielle dans ce qu’elle a de plus destructeur de la nature et des liens sociaux. Idem pour la pêche. Le secrétaire d’État à la mer, Hervé Berville, a récemment annoncé que « la France et le gouvernement sont totalement opposés à l’interdiction des engins de fond
dans les aires marines protégées. Totalement, clairement et fermement ». Merci au « champion de la Terre ».

Article d’Hélène Tordjman dans Politis du 01 juin 2023.

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