Gentils hétéros

Je croise au café ma copine Anne, prof à la fac. Elle me dit : « J’ai besoin de boire un verre. » Je lui réponds : « Ça tombe bien, t’es dans un rade… »
La blague s’arrête là. Une élève de 19 ans vient de lui confier qu’elle s’était fait violer à l’âge de 7 ans. C’est la première fois qu’elle en parle à quelqu’un.

L’an passé, je retrouve une copine de collège que je trouvais très jolie. On ne s’était jamais revus depuis lors. Je lui dis : « Tu étais vraiment très timide. »
Elle me répond : « Je m’étais fait violer quand j’avais 4 ans… » 4 ans ! Apparemment, il s*agissait du daron. Une autre copine, Séverine, a été violée par son père toubib mais aussi par
son grand-père. On ne parle pas là du lumpenprolétariat, mais de reluisants paroissiens.

Mon amie Aline me racontait l’autre jour son Calvaire. Quand elle avait 8 ans, son grand frère tentait de pénétrer dans sa chambre pour la violer. Papa bossait de nuit, quant à maman, elle lui avait conseillé de s’enfermer à clé puis s’en était allée en se bouchant les oreilles. Elle n’a revu son frangin que vingt ans plus tard… aux assises. Je ne fais qu’un rapide inventaire d’amies qui m’ont raconté.

Un papa, un frère, violeurs. Une maman complice. Un papa, une maman, la belle affaire… Un curé pour confesser, absoudre et accessoirement enculer le petit frère.
Quand un couple homo se bat des années pour pouvoir adopter, élever un enfant, l’aimer, en quoi peut-on prétendre que deux hommes, deux femmes ne peuvent pas faire mieux que les fameux hétéros précités ?!

Article de Yan Lindingre dans Siné mensuel de novembre 2019.

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