Extrême droite France Israël

On peut toujours gloser sur la droitisation de la société israélienne, mais que peut-il advenir d’autre quand les partis de gauche se sabordent ? Cet inexorable processus de fascisation devrait enfin interpeller la France.
Car le soutien de Paris à la droite israélienne n’est pas fait que de mots. Aujourd’hui, la France est le seul pays qui criminalise les appels au boycott d’Israël. Le seul qui retourne contre les militants anti-apartheid l’accusation de discrimination.
M. Dupond-Moretti, avec sa circulaire d’octobre 2020, dans le sillage de la circulaire Alliot-Marie, dix ans plus tôt, invite les tribunaux à intensifier la répression de ce qu’il nomme « les appels discriminatoires au boycott des produits israéliens ».
La France est la pièce maîtresse dans un système international qui assure l’impunité à Israël. M. Dupond-Moretti va-t-il continuer d’ordonner aux tribunaux de condamner les militants qui dénoncent le fasciste Itamar Ben Gvir ? Va-t-il légitimer la répression de ces lanceurs d’alerte que sont les militants du mouvement Boycott, Désinvestissement, Sanctions (BDS) en affirmant que le caractère antisémite de l’appel au boycott peut se « déduire du contexte » Pour arriver à ses fins, l’avocat Dupond-Moretti se hasarde dans le maquis
obscur de l”arbitraire.
Quel est donc ce contexte qui devrait nous interdire de dénoncer et de combattre le racisme du gouvernement israélien à l’encontre des Palestiniens ? Et justifier que l’on ignore la condamnation de la Cour européenne des droits de l’homme qui a reconnu, en juin 2020,
que les appels au boycott relèvent de la liberté d’expression ? Mais Dupond-Moretti a inventé un raffinement supplémentaire. Il menace de condamner les militants à des « stages » – le mot, déjà, est d’une totale impudeur – au Mémorial de la Shoah.
Nous sommes là au comble de l’ignominie. C’est faire des militants contre l’apartheid des antisémites. Et c’est donc faire du fasciste Itamar Ben Gvir, homophobe, antidémocrate, habité par la haine des Arabes, la figure légitime de la communauté juive.
N’est-ce pas au contraire en protégeant par nos lois les fascistes israéliens, en donnant cette fausse image du judaïsme, que l’on produit de l’antisémitisme ?
Si M. Dupond-Moretti effectuait un stage au Mémorial de la Shoah, et s’il comprenait de quoi il parle, il aurait peut-être une chance de devenir lui-même un militant BDS… Il comprendrait que le vrai devoir de mémoire, c’est de lutter contre toutes les discriminations.
Au moment où, après Amnesty International et Human Rights Watch, cinq anciens ministres européens des Affaires étrangères dénoncent officiellement le régime d’apartheid israélien (27 octobre dans le journal « Le Monde »), il est grand temps que le gouvernement français se mette au diapason, et qu’il abroge les circulaires qui incitent à la répression de BDS. Là où beaucoup de pays européens sont simplement passifs, la France montre une complicité zélée.
Elle est même incapable d’obtenir la libération de l’un de ses ressortissants, Salah Hamouri, toujours détenu arbitrairement. À moins que la libération de cet avocat franco-palestinien, la France de MM. Macron, Darmanin et Dupond-Moretti ne la veuille tout simplement pas…

Extrait d’un article de Denis Sieffert dans Politis du 10 novembre 2022.

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