Est-ce que vous condamnez ?

Est-ce que vous condamnez les propos de bidule ? Est-ce que vous condamnez les sous-entendus de machin ? Est-ce que vous condamnez actes de Trucmuche ? Allez ! Condamnez ! C’est la mode !
Dépêchez-vous ! On n’a pas le temps ! Après il y a une pub pour le nouveau pick-up écolo et une émission de débat constructif entre un raciste et un Noir ! Dépêche-toi ! Mets ton petit costume de juge ou de procureur, et fais-nous un réquisitoire !
Prends ta plus belle posture morale, ton air grave en fronçant tes sourcils contrits, et dis-nous que tu n’es pas solidaire des méchants ! Allez ! Fais bien gaffe ! Si tu ne condamnes pas, cela voudra dire que tu cautionnes!

Si tu ne dis pas que Kevin le black bloc, qui a violemment tagué la vitrine de la BNP, est un vilain barbare qui te rappelle les heures les plus sombres du fascisme version double vitrage, cela voudra dire que toi-même, tu serais prêt à pendre des bébés pandas avec du fil de fer barbelé ! Si tu ne prends pas une position ferme et déterminée contre Mireille la précaire qui a émis l’idée de pisser dans les Weston de Macron, tu seras dans le camp de ceux qui souhaitent le retour de goulags peuplés de fantômes de Joseph Staline et de Robert Hue. Si tu essayes de nous embrouiller en nous disant que peut-être faudrait-il essayer de comprendre, d’expliquer, d’analyser ou je ne sais quelle connerie socio pas logique, tu seras assimilé à un élément du chaos, un cavalier de l’Apocalypse, un suppôt de Satan. Bref, si tu ne condamnes pas, c’est toi qui es condamné !
Notamment à constater que la violence institutionnelle continue ses ravages, que la répression policière reste impunie. Condamnation partout, justice nulle part.

Article de Guillaume Meurice dans Siné mensuel de mars 2020.

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