Droit d’habiter ?

Ailleurs en Europe, d’autres formes d’expérimentations sont menées pour limiter la dérive infernale des loyers. À Berlin, la mairie (union des gauches) mène une politique plus ambitieuse qu’un simple encadrement, qui d’ailleurs existe déjà.
Face à une brutale augmentation des loyers, la municipalité a décidé, en juin 2019, de les geler pendant cinq ans. La décision fait écho a un large mouvement d’habitants réclamant l’expropriation des grandes firmes immobilières, propriétaires de centaines de milliers de logements à la suite des privatisations massives de logements sociaux pendant la décennie 1990.

Pour l’association Droit au logement (DAL) un blocage des loyers comme à Berlin ne serait pas la solution à Paris, car les prix y ont déjà atteint des niveaux inaccessibles pour la plupart des habitants. Le DAL demande une baisse des loyers parisiens. la réquisition des logements vacants pour répondre à l’urgence sociale et la réalisation massive d’habitats sociaux. L’association craint aussi que l’encadrement ne conduise, paradoxalement, à une augmentation des quelques loyers encore modérés, et contribue ainsi à poursuivre l’épuration sociale de la capitale.

À Vienne, en Autriche. un quart des logements de la ville relève de l’habitat social. Les moins de 30 ans qui n’ont encore jamais disposé d’un appartement indépendant font partie des personnes prioritaires. Un autre quart des logements appartient à des coopératives, qui proposent des loyers très modérés. Dans le marché privé, les loyers sont encadrés. Résultat : se loger V reste facile, alors que l’Autriche est l’un des pays les plus riches d’Europe.

Les métropoles européennes passent aussi à l’offensive contre la plateforme Airbnb. En favorisant le marché de la location touristique aux dépens des locations durables, Airbnb contribue à vider certains quartiers de ses véritables habitants et alimente la pénurie d’appartements. De Paris à Berlin en passant par Bruxelles, Barcelone et Amsterdam, les municipalités ont limité les durées pendant lesquelles un appartement peut être mis en location sur Airbnb et tenté d’obliger les loueurs à s’enregistrer auprès des services municipaux. Airbnb ne collabore pas, refuse la plupart du temps de fournir les données sur les loueurs, et pratique le lobbying aux plus hauts niveaux nationaux et européens, pour échapper à ce type de réglementations. La bataille pour le « droit d’habiter » est
loin d’être gagnée.

Extrait d’un article du hors-série de Politis et Basta de février 2020.

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