Détruire la solidarité

Avec le système actuel, qui part à la retraite à 62 ans en étant serein, en ayant cotisé le nombre suffisant d’années ?
On n’est plus sur les carrières de nos parents ou grands-parents : les parcours sont toujours plus hachés, marqués par des périodes de chômage et d’emp1oi à temps partiel.

Nos gouvernants vivent avec un haut capital social, culturel, financier de départ, un accès facile aux soins, des conditions de travail confortables… et tous les privilèges qu’on leur connaît.
Ils ne s imaginent pas ce qu’est l’existence de quelqu’un qui a galéré, est passé de mission d’intérim en mission d’intérim, n’est pas arrivé à trouver de job stable ou à temps complet en CDI, qui subit souvent un degré de pénibilité énorme… Ils leur disent de travailler plus longtemps, mais ces gens-là sont usés.

De manière générale, il y a un nivellement par le bas flagrant des conditions de vie des Français et la seule réponse qu’on nous donne, c’est : pas d’augmentation des salaires et une amputation des droits au chômage, à la retraite… C’est quoi, l’étape suivante ? S’attaquer aux aides sociales ? Histoire de se donner bonne conscience, le gouvernement nous sort de temps en temps des mesurettes comme récemment le chèque carburant. Mais les chômeurs n’y avaient pas droit, ce n’étaient que pour les travailleurs.
Le monde du travail est très cruel, et encore plus envers les seniors qui sont considérés comme plus coûteux, moins performants. À partir de 45 ans, cela devient déjà extrêmement compliqué. Résultat : on constate qu’actuellement, pas loin d’un senior sur deux est sans emploi au moment de partir à la retraite.
Si cette réforme passe, il faut s’attendre à une hausse du nombre de personnes demandant le RSA. Parce que ces chômeurs seniors qui ne sont pas embauchés, qui ne touchent plus d’allocations chômage, qui ne pourront pas partir à la retraite… vont se tourner fatalement vers les minima sociaux. Pour rappel, les allocataires du RSA touchent à peine 500 balles par mois et ne cotisent pas pour la retraite. Ce qui veut dire qu’ils devront rester précaires encore plus longtemps avant de recevoir, si on veut bien la leur donner, une toute petite retraite. Ou un minimum vieillesse qui ne les sortira pas plus de leur pauvreté.
Et n’oublions pas qu’un quart des plus pauvres de notre pays meurent avant l’âge actuel de la retraite !

Nos différents collectifs locaux ont été présents dans de nombreuses manifs – Strasbourg, Toulouse, Clermont-Ferrand… C’est important de se montrer en tant que chômeur ou chômeuse et de défendre nos droits.
Si ce n’est pas pour nous, c’est pour nos proches. Cette réforme qui touche à nos fins de vie, c’est vraiment la goutte d’eau. On est déjà précarisés et vous nous rajoutez ça ! Ça fait ressortir toutes les rages qu’on accumule depuis plusieurs quinquennats déjà.
Même si c’est clair qu’avec macron, on a fait un sacré bon en avant dans la casse des droits sociaux.

Entretien de Valentine Maillochon, réalisé par Benoît Godin dans le journal CQFD de février 2023.

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