Dérèglement climatique et responsabilités individuelles

En 2019, le cabinet de conseil Carbone 4 a sorti un rapport montrant que même si chaque Français adoptait les écogestes les plus « héroïques » – ne plus jamais prendre l’avion, arrêter de manger de la viande, faire systématiquement du covoiturage, etc. -, les émissions de gaz à effet de serre ne diminueraient que de 25 %, ce qui est largement insuffisant.
Ces écogestes, ça peut être un premier pas vers le militantisme, quelque chose qui peut nous sensibiliser à la fragilité du monde, mais jusqu’à présent ça a surtout été utilisé pour culpabiliser les gens, notamment les classes populaires – et je ne pense pas que la culpabilisation soit un bon vecteur de mobilisation.
Je pense que l’importance démesurée accordée aux comportements des individus permet avant tout d’invisibiliser la structure sociale du chaos climatique. Elle reflète le triomphe de la logique libérale dominante : l’individualisation de la responsabilité. Au même titre que le racisme ou le sexisme ne sont pas le fruit de relations interindividuelles, mais le produit de rapports de domination et de constructions sociohistoriques, au même titre que les violences policières sont systémiques et non pas commises par de rares individus, le changement climatique n’est en rien la conséquence d’une somme de responsabilités individuelles.

Une avalanche de rapports scientifiques martèle qu’i1 faut stopper dès maintenant toute nouvelle activité industrielle liée aux énergies fossiles. Et on sait désormais que chaque dixième de degré compte […]

 

Toute firme, banque ou États qui continue à mettre de l’argent dans les énergie fossiles relève forcément du criminel climatique puisqu’ils le font en toute connaissance de cause.

[…]

Depuis 2015, on sait que pour limiter le chaos sur Terre lié au dérèglement climatique, il faudrait laisser dans le sous-sol 80 % des réserves de charbon, la moitié de celles de gaz et un tiers de celles de pétrole.
Alors qu’on devrait déjà être dans une dynamique de freinage assez radical des énergies fossiles, ces sociétés ont des projets d’extension de plus 20 % d’ici 2030.

Extraits d’un entretien de Mickaël Correia, auteur de Criminels climatiques, dans le journal CQFD de janvier 2022.

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