Centrafrique

[…] Mais qu’est-ce qui avait fait de la Centrafrique « un pays en voie de dislocation » ?
On avait trouvé la réponse dans un DVD : The Ambassador.
C’est un documentaire à la Bora ou à la Michael Moore : le réalisateur Mads Brügger se fait nommer consul en Centrafrique
et là, jouant les biznessmen, il s’adonne au trafic de diamants, corrompt des ministres, dévoile l’envers d’un fragile décor diplomatique.

Au passage, notre Tintin scandinave croise un drôle de zigue, Guy-lean Le Poll, ancien légionnaire, devenu mercenaire, « chargé de mission auprès du chef de l’État (François Bozizé, en 2011), pour tout ce qui concerne la sécurité intérieure d’État, c’est-à-dire espionnage, contre-espionnage, ingérence, contre-ingérence ».
Ce barbouze à la panse énorme, assassiné depuis, délivre, en caméra cachée, une analyse géostratégique moins enthousiaste que nos médias : « Historiquement, la France considère la République centrafricaine comme son livret de Caisse d’épargne, c’est-à-dire qu’elle pense, et elle croit que tout ce qui est dans le sous-sol est à elle. Et à personne d’autre. Dans le sous-sol, on a du cuivre, du fer, du manganèse, du cobalt, de l’uranium, du mercure rouge. Il y a tout ça. On sait où, mais à chaque fois qu’on (l’État Centrafricain) demande une subvention, une aide ou quelque chose pour faire des phases d’exploitation, on a des problèmes.

– Comment font-ils ?
– Quand vous voulez empêcher quelqu’un de courir, on met un caillou dans sa chaussure. Si on veut empêcher un État de se développer, les ressources qu’il va utiliser pour courir après les rebelles, il ne pourra pas les utiliser pour se développer.
Charles Massi était ministre d’État, et il a profité de sa position pour détourner l’argent de l’État, acheter des armes, et monter une rébellion, essayer de faire un coup d’état, avec l’aide de la France.
La colonne qui a attaqué Birao avait vingt-sept véhicules. Les Français le savaient très bien, mais ils n’ont rien dit. Le caillou dans la chaussure. »

Sans compter l’asile qu’on offre à des réfugiés politiques d’un genre particulier : « Les Français ont donné une très mauvaise habitude aux Centrafricains, qui est la corruption. Quand on attrape un ministre, ici, qui est corrompu, il obtient automatiquement un visa, un passeport, et une carte de séjour en France. »

Puis, dans le Fakir de juin 2016, on revenait sur les scandales de viols qui touchaient l’armée française, toujours en Centrafrique.
« L’honneur de la France serait engagé », s’émeut François Hollande depuis Washington. C’est que l’Unicef a recueilli le témoignage de quatre-vingt-dix-huit jeunes filles violées par des Casques bleus. « On ne peut pas et je ne peux pas accepter qu’il y ait la moindre tache sur la réputation de nos armées, c’est-à-dire de la France. »
Il y a deux ans déjà, Le Guardian publiait le rapport d’une employée de l’ONU, rapportant des viols commis par des militaires français sur des enfants de neuf à treize ans.

François Hollande menaçait alors de sanctions « exemplaires », il se montrerait « implacable ». Depuis, aucun des soldats mis en cause n’est poursuivi par la justice.
Mon copain Djouneid, para à la retraite, m’en avait déjà causé, des « opérations » au Tchad, au Liban, en Centrafrique, et de toute la saloperie qu’el1es charriaient.

Extrait d’un article du dossier « Françafrique » dans le journal Fakir de février 2018.

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