Capitalisme et dérèglement climatique

Pour lutter contre le changement climatique, il faut s’attaquer à sa cause. Deux principales sont proposées.

Une, qualifiée d’anthropocène, dénonce la responsabilité de l’espèce humaine, qui, par nature, produirait et consommerait toujours plus nous menant inexorablement dans le mur. La solution serait de changer nos comportements. Mais, mettant sur le même pied le milliardaire et le chômeur en fin de droits, elle néglige trop les inégalités croissantes du monde réel pour être opérationnelle.

L’autre, partage l’idée d’une transformation de nos modes de production et de consommation, mais en les appelant par leur nom : le capitalisme. C’est lui, c’est-à-dire le rapport social qui sépare les propriétaires des grands moyens de production des travailleurs, qui serait responsable de la crise globale de notre monde.

Sa logique profonde, c’est la recherche sans fin du profit, transformant en marchandise tout ce qui peut en procurer. Ce qui compte n’est pas la valeur d’usage des biens et services produits, mais ce que rapporte leur vente.
Quand un produit révèle sa nocivité, comme le tabac, l’amiante, aujourd’hui le pétrole ou les pesticides, l’industrie qui le fournit ou l’utilise commence par nier tout effet nocif. Et quand les effets sont trop visibles, elle lutte juridiquement pour échapper aux
condamnations. Enfin, elle promet de se transformer pour être le leader des changements nécessaires.
Total est la dernière des grandes entreprises qui vient d’être épinglée alors qu’elle connaissait depuis 50 ans les conséquences climaticides de son activité. Et aujourd’hui elle s’engage à être exemplaire tout en se préparant à extraire 2,2 milliards de barils en Ouganda.

Le profit reste le but

Mais la dissimulation d’informations remettant en cause une production n’est pas la seule pratique d’une entreprise soucieuse d’abord de ses profits.
Le gâchis d’intelligence pour truquer les contrôles, comme l’a fait Volkswagen, en est un exemple. Ou la levée de plus de 700 millions d’euros d’une start-up pour produire des vignettes de footballers, dont on peut questionner l’utilité sociale.

Et quand cette utilité existe, le profit reste le but, comme Pfizer, qui préfère vacciner les enfants des pays riches plutôt que
les centaines de millions d’Africains non solvables, au risque d’une relance de la pandémie.
C’est la société qui devrait pouvoir décider ce qui doit être produit dans l’intérêt général et pas les seuls propriétaires des moyens de production.
Tant qu’extraire un baril de pétrole, qu’émettre une tonne de CO2 ou licencier un travailleur seront rentables, ce baril sera extrait, cette tonne sera émise et ce travailleur sera licencié.

Article de Gilles Rotillon, économiste atterré, dans l’âge de faire de janvier 2022.

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