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Big Tech, carbo-fascisme et impérialisme
« Durant mon premier mandat tout le monde me combattait. Cette fois-ci tout le monde veut être mon ami », voilà ce que déclarait Donald Trump lors d’une conférence de presse quelques semaines après son élection. Si la phrase fait sûrement référence à la refonte du Parti républicain autour de sa personne, il pense aussi probablement à toutes les grandes fortunes qui ont accouru à ses cotés après sa victoire.
On a largement pu suivre son rapprochement avec Elon Musk, tellement à l’aise qu’il s’est permis un salut nazi lors d’un discours en marge de l’investiture. Alors qu’il est aujourd’hui l’homme le plus riche du monde, il prend une place telle qu’on pourrait croire que c’est lui qui a été élu vice-président. Et après l’élection, d’autres se sont alignés derrière lui. À commencer par Mark Zuckerberg et Jeff Bezos : les patrons de Meta (Facebook. Instagram) et d’Amazon, hostiles par le passé à Trump. Ils ont récemment multiplié les signes d’allégeance, entre déclarations publiques, participations à des dîners de gala célébrant la victoire républicaine, et dons de millions de dollars pour les frais de l’investiture. Mais on compte aussi dans le lot Microsoft, Google, Uber ou Open-AI…
C’est peut être un des faits remarquables de cette élection : presque toutes les fortunes des Big Tech se sont ralliées autour de Trump. La plupart adoptaient jusque-là des stratégies libérales affichant une façade presque sociale : green washing, pink washing, grands discours sur « l’inclusion » etc. Ces entreprises sont nombreuses à avoir opéré un virage à 180 degrés ces derniers mois, adoptant des positions beaucoup plus autoritaires et libertariennes. Peut-être ont-elles senti le vent tourner et vu venir l’effondrement du parti démocrate à la suite de sa campagne catastrophique ?
Si c’est là un des éléments d’explication, il faut sûrement voir plus loin. La course à la croissance infinie dans laquelle ces entreprises sont lancées change leurs priorités. Outre le besoin de s’assurer le soutien de l’État afin d’éviter toute régulation de leurs activités, elles se heurtent aussi à l’augmentation permanente de leurs besoins en ressources naturelles et surtout en énergie. Alors quoi de mieux qu’un candidat carbo-fasciste (convergence entre les industries des énergies fossiles et l’extrême droite)
niant le réchauffement climatique ?
Parmi les slogans de campagne de Trump répétés lors de son investiture, on trouvait « Drill, baby, drill », en référence au fracking, technique d’extraction de gaz extrêmement polluante sur laquelle Trump veut miser pour assurer l’autonomie énergétique états-unienne.Ces volontés économiques se trouvent aussi dans les dernières déclarations impérialistes et expansionnistes du président. On ferait bien de se garder de rire devant les discours de Trump quand il dit vouloir annexer le Groenland ou le canal de Panama. Car d’un point de vue ultra-nationaliste et autoritaire, il s’agit d’une réponse parfaitement rationnelle à cette soif illimitée des capitalistes. Dans un contexte de montée des affrontements entre impérialismes, il faut aussi craindre un emballement : si les États-Unis se permettent une telle approche guerrière, pourquoi la Chine devrait-elle freiner ses velléités sur Taïwan, ou la Russie son invasion de l’Ukraine ?
Article dans Alternative Libertaire de février 2025.