Alternatives à la mondialisation néolibérale

L’épidémie montre les points faibles de la mondialisation néolibérale, mais permet aussi de mettre en avant ce que pourraient en être les alternatives.
L’histoire regorge de moments où des événements imprévus, des guerres, des chocs politiques ou des mouvements sociaux ont accéléré des processus en cours ou permis des bascules imprévisibles.
Tout récemment la grève des transports en Ile-de-France a permis à des dizaines de milliers de personnes de découvrir les usages du vélo en ville, et les derniers chiffres montrent que ce mouvement perdure.

Sans commune mesure, la Seconde Guerre mondiale et les années qui l’ont suivie a jeté les bases de ce l’on a appelé l’État providence. Aux États-Unis l’impôt progressif mis en place pendant le New Deal par l’administration Roosevelt s’est durci avec un taux maximal de 80 à 90 % en place jusque dans les années 1980.
En France, le système de retraite précédemment basé sur des fonds de capitalisation s’est effondré pendant la guerre. C’est ainsi que le système de retraite par répartition a été mis en place à la libération.
Plus généralement, dans tous les pays développés, un taux élevé de prélèvement obligatoire nécessaire à la reconstruction a été pérennisé pour mettre en place des systèmes de redistribution et de couverture sociale.

Un choc planétaire comme l’épidémie de coronavirus pourrait initier ou accélérer des transformations nécessaires. Ces dernières semaines, la pénurie de médicaments a amené les institutions européennes à réfléchir à une relocalisation de certaines chaînes de production pour assurer une sécurité sanitaire sur le continent. Cette initiative pourrait être élargie à d’autres secteurs, la production agroalimentaire par exemple, pour répondre à la revendication historique de souveraineté alimentaire défendue par les paysan-ne-s de la Confédération paysanne et de la Via Campesina.

Au niveau industriel, la baisse des prix de machines à commandes numériques a permis un timide mouvement de relocalisation de certaines productions. Les chaînes mondiales mises en place par les multinationales pour leurs productions industrielles viennent de révéler leur fragilité, il serait temps de donner la priorité à une relocalisation qui bénéficierait à l’emploi comme à l’environnement.
La crise du coronavirus a également montré qu’en cas de nécessité des mesures « radicales » pouvaient être mises en place. C’est le cas de la fixation des prix ou la réquisition pour des produits qui connaissaient des phénomènes spéculatifs, comme le gel hydroalcoolique ou les masques de protection.

Il est déjà évident que l’UE, devant la crise économique qui s’annonce, va exonérer les pays membres des obligations budgétaires fixées par le traité de Maastricht. Ce qui est possible, et juste, face aux conséquences de l’épidémie devrait être mis en place de la même manière pour d’autres questions toutes aussi importantes, comme la croissance des inégalités, le traitement inhumain des migrant-e-s, la crise climatique ou l’effondrement de la biodiversité.

La NASA a diffusé des images de la Chine avant et pendant l’épidémie qui montrent une quasi disparition de la pollution de l’air en quelques jours. Il ne s’agit évidemment pas de confiner sur le long terme toutes les populations, mais ces images montrent la réversibilité de phénomènes si des mesures fortes sont prises.

La crise sanitaire mondiale nous indique des alternatives potentielles. Mais, à l’évidence, elles ne seront mises en œuvre que si elles sont portées par des mouvements sociaux et un rapport de force à construire pour changer le système. Ce sera tout l’enjeu des mois et années qui viennent!

Extrait d’un article de Christophe Aguiton dans Lignes d’attac d’avril 2020.

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