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L’industrie en France et le coût du capital
Gouvernement et patronat tiennent de beaux discours sur l’industrie du futur, les travailleuses et les travailleurs continuent à connaître restructurations et destructions d’emplois. Le déclin de l’industrie n’est pas vraiment enrayé dans notre pays. Son poids dans l’économie hexagonale a été divisé par deux depuis 1970, pour ne représenter aujourd’hui que 17 % du PIB français (loin derrière les 26 % de nos voisins allemands). La part d’emplois industriels représentait 37,4 %, en 1982, contre 13,3 % en 2020.
La désindustrialisation commencée dans les années 1970 s’est accélérée dans les années 1990 avec l’essor de la globalisation néo-libérale. En 2000, certains patrons ont même théorisé le concept d’entreprise sans usine ! Un frémissement inverse a certes pu être noté à partir de la moitié des années 2010, et surtout après 2022. Mais en 2024 et 2025, de nouvelles vagues de suppressions d’emplois se sont multipliées en France.
L’industrie est essentielle dans les territoires. Alors que les emplois de service sont majoritairement concentrés dans les métropoles, l’industrie est plus présente dans les villes isolées. Chaque emploi supprimé entraîne des effets dominos sur les sous-traitants, les prestataires de services et tout l’écosystème économique local. Comme l’a noté dernièrement la CGT, « ces plans de licenciements n’effacent pas seulement des emplois, ils vident des régions de leur attractivité, de leurs commerces de proximité… ».
Ces dernières années, la France a bradé aux investisseurs étrangers de grandes entreprises (Pechiney, Arcelor, Alstom…). Macron, avec sa politique de l’offre, s’est inscrit dans ce mouvement pour attirer des capitaux étrangers, qui parfois pillent les savoir-faire et les brevets avant de repartir et d’ouvrir des usines à bas coûts dans d’autres pays.N’oublions pas aussi que la financiarisation de l’économie a entraîné une hausse importante de la part de la valeur ajoutée versée en dividendes aux actionnaires : la part du travail dans la valeur ajoutée brute est ainsi passée en France de près de 74 à moins de 64 % entre la fin des années 1970 et le plateau bas des décennies 1990-2000. La France est le pays européen où les dividendes versés par les entreprises sont les plus élevés : 68,7 milliards de dollars en 2023 contre « seulement » 56,6 en Allemagne, puis 23 milliards en Espagne. Ce détournement des résultats des entreprises et des gains de productivité vers la rémunération du capital se fait naturellement au détriment des investissements productifs. La coût écologique des délocalisations n’est par ailleurs plus à démontrer : production dans des pays où les normes environnementales sont faibles puis retour des productions manufacturées alourdissent le bilan carbone des délocalisations. Sans parler du dumping social d’une production effectuée par des travailleurs et
travailleuses sous-payé.es – le cas des zones franches est à ce titre particulièrement scandaleux.Un pays a besoin de services publics, mais aussi d’industries (qui ont un rôle moteur en matière de recherche et développement). C’est à la puissance publique de mener une politique volontariste. Il est scandaleux de continuer à verser à de très grandes entreprises des aides publiques sans réelles contreparties. L’autonomie stratégique qui consiste à réduire la dépendance de notre pays et de l’Europe vis-à vis de pays tiers doit être une priorité. Ce n’est pas la logique naturelle du capitalisme qui est d’abord et avant tout la recherche du profit maximum.
Article dans « Démocratie et socialisme » de mai 2025, le mensuel de la L’APRES.