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1.76 millions de mètres cubes de déchets radioactifs… ou 200 millions ?
Selon l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), la France a produit à ce jour 1,76 millions de mètres cubes de déchets radioactifs. C’est oublier les centaines de millions de tonnes de déchets des mines d’uranium. La prise de conscience de leur impact environnemental et sanitaire a progressé grâce au combat de longue date conduit par la Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la RADioactivité (CRIIRAD) et des associations, mais de nombreux problèmes persistent.
Entre 1946 et 2001, plus de 200 mines d’uranium ont été exploitées en France. Les activités d’extraction et de traitement du minerai ont concerné 8 régions et 27 départements. Pour 80 000 tonnes d’uranium produit au total, cette industrie a généré de grandes quantités de déchets radioactifs, en particulier les stériles miniers (environ 200 millions de tonnes) et les résidus d’extraction de l’uranium (plus de 50 millions de tonnes).
Les stériles sont des roches dont la teneur en uranium est supérieure à la moyenne de l’écorce terrestre (de l’ordre de 2 à 4 grammes par tonne), mais inférieure au « seuil de coupure » au-delà duquel l’extraction d’uranium est économiquement intéressante (de 100 à plusieurs centaines de grammes par tonne).
Les stériles contiennent de l’uranium 238 et ses 13 descendants radioactifs, ainsi que de l’uranium 235 et ses 10 descendants radioactifs. Ils présentent une activité de plusieurs milliers à plusieurs dizaines de milliers de becquerels par kilogramme (Bq/kg), voire plus, ce qui les classe dans la catégorie des déchets radioactifs de Très Faible Activité (TFA).Les résidus sont les déchets générés par l’extraction de l’élément uranium contenu dans le minerai. Ils contiennent toujours la majorité de la radioactivité initiale. Selon le procédé utilisé, leur activité est de plusieurs dizaines à plusieurs centaines de milliers de Bq/kg : ce sont des déchets allant de Très Faible Activité à Faible Activité (FA).
Ces déchets radioactifs présentent des caractéristiques très pénalisantes en termes de radioprotection. La période physique, temps au bout duquel la moitié des atomes se sont désintégrés, est de 4,5 milliards d’années pour l’uranium 238, 700 millions d’années pour l’uranium 235, 75 000 ans pour le thorium 230… De plus, certains radionucléides présents figurent parmi les plus radiotoxiques par ingestion (plomb 210 et polonium 210), ou par inhalation (thorium 230).
En outre, les déchets issus de l’extraction forment une boue très fine qui facilite la migration des radionucléides. Enfin, les remblais et résidus miniers contiennent du radium 226 qui génère en permanence un gaz radioactif, le radon 222.Comme le démontrent depuis plusieurs décennies la CRIIRAD et les associations locales, ces déchets ne sont généralement pas placés dans des sites répondant à leurs caractéristiques de dangerosité. Les stériles ont souvent été dispersés sans précaution et utilisés comme remblais pour des pistes, chemins et routes, parfois à proximité de lieux publics, habitations, voire sous des bâtiments.
En 2001, des mesures réalisées par la CRIIRAD dans une scierie construite sur des stériles issus de la mine d’uranium des Bois Noirs (Allier) avaient révélé la présence de niveaux élevés de radon. La COGEMA (devenue Areva puis Orano), alors exploitante des Bois Noirs, avait été contrainte d’enlever 8 000 m3 de remblais radioactifs.
Début d’un article dans la revue Sortir du nucléaire de l’automne 2024.