Pourquoi vous devriez vous informer autrement ? La réponse dans cette vidéo.
Transition numérique
Vous avez raison de vouloir faire le bilan d`une décennie de mensonges. La « transition numérique » s’annonçait comme la solution vers la sobriété énergétique pour les uns, comme le nouveau moteur de la croissance pour les autres – certains, étrangement, pensant pouvoir combiner les deux.
La réalité est cinglante : au fil des ans, l’industrie numérique s’est chargée en intensité énergétique, occasionnant chaque année plus de consommation d’énergie que l’année précédente ; et tandis que les dépenses numériques ont grossi au fil des ans, jusqu’à + 5 % par an en 2018, la croissance des pays riches a stagné autour de 2 % par an sur la période 2013-2018. On a donc assisté à deux découplages : celui de la numérisation et de la croissance, et celui de la numérisation et de la descente énergétique.En d’autres termes, la « transition numérique » vit sa vie sans profiter à la société, ni à l’économie dans une perspective libérale, ni à la baisse des consommations d’énergie dans une perspective écologiste.
Dans ces conditions, ces chiffres étant connus, publics, comment se fait-il que l’on prête encore des effets systémiques positifs à la transition numérique ? Il n’y a pas plus matérielle que
cette économie. Le cuivre, le cobalt, le tantale, les terres rares, toutes ces matières indispensables à la construction des réseaux et des terminaux, sont des minerais non renouvelables (qui ont mis des millions d`années à se former dans le sol), extraits à coups d”explosifs, de produits chimiques, de sueur humaine et de bas salaires, loin du clinquant final des objets connectés.L’énergie nécessaire pour la fabrication et l’utilisation des équipements progresse de 9 % par an, du fait de l’explosion de la vidéo et des ventes de terminaux (renouvelés tous les 18 mois pour les téléphones portables).
Aucune mesure ni même réflexion politique autour d’un freinage n’est entreprise, au contraire, les pouvoirs publics se plient à la demande d’accelération formulée par les lobbies.
Début de l’intervention de Karine Mauvilly dans le journal La Décroissance de juin 2019.