Racisme dans les média

En mars 2023, des journalistes venus de différentes rédactions officialisaient le lancement de l’AJAR (Association des journalistes antiracistes et racisé-es).
L’escalade récente dans le conflit en Palestine a été l’occasion d’une mise au point sur le racisme dans les rédactions à travers différents témoignages édifiants. Extraits.
Depuis les massacres du Hamas le 7 octobre, suivi du pilonnage ininterrompu d’Israël sur la bande de Gaza assiégée, la guerre israélo-palestinienne occupe une place prépondérante dans la couverture française de l’actualité.
L’AJAR constate que celle-ci est déséquilibrée dans de nombreux médias français, notamment par sa tendance à l’invisibilisation et à la déshumanisation des Palestinien-nes.
Le racisme qui infuse les productions médiatiques se manifeste aussi contre certain-es journalistes racisé-es […] Dans leurs rédactions, on considère que l’attachement, réel ou supposé, de journalistes au respect des droits du peuple palestinien, les biaise, et les
empêche de faire leur travail correctement, d’autant plus si ces journalistes sont arabes ou musulman-es.
Certain-es nous rapportent des remarques racistes, d’autres des blagues, ou des accusations à peine déguisées évoquant une sympathie supposée avec le Hamas. Cette suspicion d’affinités terroristes est un ressort islamophobe classique contre les personnes arabes ou musulmanes. Nous sommes aussi au fait d’un cas de fouille au faciès, jamais expérimentée précédemment, à l’entrée d’une grande rédaction télé.
Nos membres témoignent également de mises à l’écart et d’un manque de confiance professionnelle de la part de leur hiérarchie, qui ignore leurs propositions d’angles et contrôle leur production de manière inédite. Tout cela, sans susciter de réactions de la part des
collègues ou des chef-fes présent-es.
Les journalistes juif-ves, ou considéré-es comme tels, peuvent eux aussi être la cible d’antisémitisme et considéré-es comme soutenant les choix politiques actuels de l’État israélien, ou comme spécialistes de facto de la société israélienne. Cette essentialisation
et assimilation des Juif-ves à l’État ou à la société israélienne est antisémite. Ces attaques sont intolérables et pèsent sur la santé mentale de ces journalistes racisé-es : elles causent un mal-être grandissant chez nombre d’entre nous et entraînent des risques psychosociaux au travail. Nous exigeons que les rédactions mettent fin à ces comportements racistes envers leurs employé-es arabes, musulman-es ou juif-ves. Ressentir de l’empathie envers des victimes civiles ne constitue pas une faute professionnelle. Être raciste, si.

Article de l’AJAR dans Lignes d’attac de janvier 2024.

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