Pomper les revenus du travail

Pour tenter de sauver le régime qui a permis aux milliardaires français et au CAC 40 de pomper les revenus du travail de façon accentuée depuis huit ans, Macron persiste. Abrité derrière un prétendu « bloc central » en total effritement, il refuse de déroger à la « politique de l’offre » inaugurée par lui sous Hollande. De façon forcenée, il applique le mandat que lui ont donné la haute oligarchie française et le Medef : protéger leurs superprofits, bloquer les salaires nets et bruts, affaiblir les services publics, la protection sociale, la santé et les retraites. Pour ce faire, Bayrou, après sa nomination aux forceps, n’a cessé de mentir, de gagner du temps puis a fini par jouer son va-tout en choisissant de dramatiser artificiellement le problème de la « dette ».

Raté ! En posant la « question de confiance », Bayrou s’est heurté à un mur et à une opinion qui l’a poussé dehors. Un  » #MeToo contre les riches », en quelque sorte. Ça n’a fait que révéler de façon encore plus évidente la baisse délibérée des recettes, ainsi que le
taux d’imposition scandaleusement bas des riches et des grandes sociétés. Alors qu’il cherchait à faire porter le chapeau aux salariés, Bayrou n’a réussi qu’à braquer le projecteur sur l’injustice fiscale, l’aberration des mille milliards de dette créés depuis huit ans. Tout s’est éclairé encore davantage : la dette, c’est la droite ; la dette, c’est Macron ! Les milliardaires rapaces ont doublé leur fortune, tandis que la pauvreté a atteint les records – elle touche désormais plus de 10 millions de Françaises et de Français.

Le nombre de chômeurs est remonté au-dessus de la barre des 6 millions. Le droit du travail a été affaibli, précarité et ubérisation ont progressé. La Sécu, la santé sont à l’os. L’École manque de tout. Les prix des transports collectifs flambent. La pénurie
de logements sociaux est considérable. La retraite à 64 ans est tout bonnement intolérable. Rien n’est réellement fait face au dérèglement climatique, aux catastrophes naturelles, aux passoires thermiques. Bayrou est tombé en-dessous des 15 % d’opinions
favorables, il n’a fait qu’alimenter une haine populaire croissante et s’est légitimement fait chasser par l’Assemblée, à laquelle, de façon suicidaire, il demandait désespérément la « confiance ».

Tout cela a contribué à attiser les revendications sociales. L’indignation s’est généralisée. Pourquoi les 1 800 Français les plus riches détiennent-ils près de la moitié de la richesse du pays ? Pourquoi refusent-ils de payer la dette dont ils sont à l’origine ? Pourquoi les salaires sont-ils à un niveau si bas et les superprofits à un niveau si élevé ? Ce sont les cadeaux fiscaux faits aux plus riches qui ont mis le budget dans le rouge : 211 milliards d’euros sont allés l’an passé aux chefs d’entreprise, au CAC 40, au Medef et ce, sans condition, sans contrôle, sans contrepartie. Et la « dette » présumée de 3 500 milliards – 113 % du PIB -, ne provient pas de la Sécurité sociale, ni des retraites, ni des collectivités territoriales, mais à 83 % du budget de l’État.

Les propositions austéritaires de Bayrou consistent à faire payer 44 milliards aux plus démunies, à bloquer salaires et retraites, à dérembourser les médicaments et les soins. à faire régresser tous les services publics, à supprimer des enseignants à l’École qui en manque pourtant cruellement. Bref, à contrarier la satisfaction des besoins sociaux.
Lui « faire confiance » reviendrait à lui permettre de creuser encore les inégalités.

Extrait d’un article de Gérard Filoche dans « Démocratie et socialisme » de septembre 2025, le mensuel de L’APRES.

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