Nouvelle-Calédonie et France coloniale

Comme en 1984, la Kanaky s’embrase. La révision du corps électoral, qui vise à réduire encore le poids politique de la population kanak, a mis le feu aux poudres. La répression n’y fera rien ; la solidarité est nécessaire ; l’indépendance la seule voie.

Le « dégel du corps électoral » préparé depuis plusieurs mois par l’État français signifie élargir le corps électoral en Kanaky pour y intégrer les dernier-es arrivant-es, en majorité de France, accentuant la mise en minorité des Kanaks sur le plan politique. C’est un objectif essentiel pour toute colonisation de peuplement : depuis 171 ans, l’État français a d’abord décimé les Kanaks, puis a organisé le remplacement de la population autochtone par des vagues d’immigration. Le projet de loi constitutionnelle est toujours en cours de discussion à l’assemblée nationale. L’objectif est d’autoriser toute personne installée depuis dix ans sur le territoire à devenir électrice. Cela revient à ajouter plus de 25 000 nouvelles et nouveaux électeurs à une liste électorale qui en compte 180 000 ; c’est considérable.
Les accords de Nouméa de 1998 étaient censés lancer un processus de décolonisation sur vingt ans, aboutissant à une série de 3 référendums sur la pleine souveraineté de la Kanaky. Mais comme toujours, les enjeux étant bien trop importants, le colonialisme ne se retirera que sous la contrainte. Il lui faut gagner du temps, noyer le poisson, diviser les forces indépendantistes, faire illusion à l’international.
Quarante ans nous séparent déjà du soulèvement kanak de 1984.
Les mises en garde de Darmanin quant à une « ingérence étrangère » – chinoise, azerbaïdjanaise – ne nous dupent pas. Il s’agit d’une rhétorique classique pour discréditer les luttes indépendantistes.

Début d’un article dans Alternative Libertaire de juin 2024.

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