Non-violence

En lisant ce texte (« Comment la non-violence protège l’État » de Peter Gelderloos), rébarbatif, dénué de tout humour, et finalement effrayant, nous retrouvons ce « fascisme des anti-fascistes » bien mis en lumière, voici un demi-siècle, par ce grand précurseur de la décroissance qu’était Pier Paolo Pasolini : « Le fascisme peut revenir sur la scène à condition qu’il s’appelle antifascisme », soulignait-il.
Car, pour Peter Gelderloos et les bien mal nommées éditions Libre qui le publient, il est légitime d’employer la violence pour faire taire ceux qui ne pensent pas comme soi, ceux du « camp du Mal ». Le problème est que ce dernier est toujours très subjectif, et qu’il change même au cours de la vie de chacun de nous. Au-delà des étiquettes, c’est une attitude parfaitement fascistoide. Car, ce qui compte, ce sont les méthodes et actions, non les justifications qui les motivent. Les fins sont contenues dans les moyens, faire le mal au nom du bien est la pire et la plus ancienne des perversions.

En tout cas, voilà qui doit ravir tous ceux qui appellent à réprimer les militants, comme l’ « expert » médiatique Éric Denécé. L’auteur d’Écoterrorisme (Tallandier, 2016), employé par de grandes sociétés, s`emploie à diffuser l’idée que la résistance écologiste et Daech seraient du même tonneau. La DGR, Peter Gelderloos et les éditions Libre lui en apportent la confirmation sur un plateau.

Rappelons que ceux qui incitent les mouvements à sombrer dans la violence se sont régulièrement avérés être des agents du camp adverse, infiltrés pour susciter la désapprobation et légitimer la répression.
Le fantasme de violence est le plus souvent porté par des immatures qui ne la connaisse pas. Ils ne sont pas structurés pour y être confrontés et s’effondrent le plus souvent à sa première réelle rencontre. À ce moment-là, traumatisés, ils déserteront à jamais tout engagement. […]

C’est le même principe que l’insulte, la violence verbale : à bout d’arguments, on humilie grâce à elle son contradicteur pour briser un échange qui nous échappe. C’est la rupture de la dialectique : « l’insulte tue la parole, nie le débat, discrédite la controverse des idées » (Charles Silvestre, secrétaire de la Société des amis de L’Humanité, 28 août 2009). Nous n`avons cessé de le rappeler, à la suite de nos grands anciens, quitte à lasser : la décroissance commence par le refus de la montée aux extrêmes, elle est une désescalade. Loin d’être un pacifisme angélique, narcissique voire lâche qui refuserait la confrontation, elle commence par le choix courageux de la non-violence.

Extraits d’un article de Vincent Cheynet dans La Décroissance de juillet-août 2018.

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