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Les guerres défensives de l’extrême-droite juive
Après 41 O00 morts recensés à Gaza, après l’élimination du leader du Hezbollah, Hassan Nasrallah, et des centaines de morts civils au Liban, après des raids sporadiques mais meurtriers en Cisjordanie, la question des buts de guerre d’Israël se pose plus que jamais. Certes, Netanyahou, le corrompu, veut « durer » pour échapper à la justice. Mais c’est un objectif un peu faible pour justifier autant de tragédies. Certes, il veut « sécuriser » le nord du pays sous la menace des roquettes du Hezbollah. Mais l’objectif, pour compréhensible qu’il soit, aurait pu être atteint par d’autres moyens que la mort de milliers de Libanais et l’aventure d’une offensive terrestre. Un cessez-le-feu à Gaza, par exemple, qui aurait permis aux habitants en bordure de la frontière libanaise de rentrer chez eux, puisque telle était la demande du Hezbollah. Mais l’innocuité de la solution aurait déplu à ses amis fascistes ltamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich. Il lui fallait donc cette opération au Liban, pour consolider son pouvoir, et tenter de faire oublier l’abandon des otages. Et, de ce point de vue, l’assassinat de Nasrallah est un coup de maître. Mais il y a derrière tout ça un objectif d’une autre ampleur. Malgré les bombes et les massacres, la question historique ne se joue ni au Liban ni a Gaza. Netanyahou regarde vers le Jourdain, et peut-être même au-delà. C’est le rêve sioniste le plus radical. Celui que lui a transmis son père, secrétaire particulier du fondateur du courant de l’extrême droite juive, Zeev Jabotinsky (1880-1940).
Netanyahou tire à l’extrême sur le fil de cette longue histoire coloniale dont le but est l’extension de l’État juif si possible jusqu’en Jordanie. Et les moyens sont connus : la force, la force sans limite. Ce que Jabotinsky appelait « la muraille de fer », non en référence à une quelconque barrière physique, mais en tant que doctrine de violence absolue. Avec, pour les Arabes, la considération que résuma un jour un proche de Jabotinsky : « ll faut créer une situation où la vie d’un Arabe ne vaudra pas plus que celle d’un rat. » Netanyahou croit-il ce moment venu ? L’extrême droite israélienne au pouvoir est en tout cas dans un moment d’hubris comme jamais auparavant. Plus rien ne la retient. Après l’anéantissement de Gaza en tant que société, l’élimination de Nasrallah est un moment de cette toute-puissance. Bien entendu, la mort du chef du Hezbollah ne nous arrachera pas une larme. On se souvient que ses miliciens sont allés massacrer les rebelles syriens à partir de 2013 pour sauver le pouvoir de Bachar Al-Assad. Les habitants d’ldlib, dernière position forte des rebelles, ne s’y sont pas trompés, eux qui ont exulté en apprenant la nouvelle. Mais on ne s’associera pas non plus à leur liesse. Nous savons trop ce que cela annonce pour les Palestiniens. Les divers fronts ouverts aujourd’hui ne sont que des étapes. Le Liban n’est qu’une éternelle victime collatérale du conflit israélo-palestinien.
L’intelligence de Netanyahou est de présenter chaque pièce de ce puzzle macabre comme autant de guerres défensives. Mais les suprémacistes juifs Ben Gvir et Smotrich savent où ils vont. On se souvient de leur « Congrès de la victoire » à Jérusalem en janvier dernier. Pendant qu’lsraël pleurait ses morts, onze ministres dansaient de joie. Une porte d’opportunité s’ouvrait à eux. […]
Extrait d’un article de Denis Sieffert dans Politis du 03 octobre 2024.