Les devoirs de l’homme

Nous sommes les contemporains de l’anéantissement de la vie. De la destruction des conditions de vie de l’humanité. De l’asservissement des autres êtres vivants à notre bon plaisir imbécile. D’une crise d’extinction des espèces comme la planète n’en a pas connu depuis la fin des dinosaures, voici 65 millions d’années.
(…)
Il nous reste peu de temps, je le crains, pour imaginer un avenir qui ne soit pas de guerre et d’affrontements majeurs. Comme j’aime la liberté, et parce que je défends l’égalité, et même la fraternité, je souhaite que ces valeurs soient conservées. Il faut donc défendre les droits de l’homme, assurément, mais on ne peut plus en rester là. Le rêve né en France autour de 1789 atteint sous nos yeux ses limites. L’individu est une limite, une triste et terrible limite qu’il nous faut dépasser. L’individu n’a pas, ne peut plus, ne doit en aucune manière avoir tous les droits que lui reconnaissent, pour le plus grand profit des marchands, la publicité et la propagande. Lesquelles ne sont en réalité – qui peut encore l’ignorer ? – qu’un seul et même mot.

Nous devons, dès qu’il sera possible, travailler ensemble à une Déclaration universelle des devoirs de l’homme. Car l’homme a désormais la responsabilité de protéger et de sauver ce qui peut l’être encore. Les plantes et les arbres. Les singes et les colibris. Les fleuves et les pierres. Le vent et les abysses. Les étoiles et les saisons. Sans oublier lui-même. Sans nous oublier nous-même.

Extraits d’un article de Fabrice Nicolino dans Charlie Hebdo du 14 janvier 2015.

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