L’égalité est meilleure pour tous

Du livre de Richard Wilkinson et Kate Pickett « Pourquoi l’égalité est meilleure pour tous » publié aux éditions Les petits matins en partenariat avec l’institut Veblen.

L’espérance de vie n’a aucun rapport avec les écarts de revenus moyens entre pays riches. (…)
Ainsi, les États-Unis, qui sont les plus riches, ont une espérance de vie inférieure à la Grèce, à l’Espagne, à la Nouvelle-Zélande, à des pays où le revenu par habitant est presque deux fois moindre. Çà n’est pas davantage lié aux dépenses de santé : les américains dépensent trois fois plus, quasiment, que les Japonais, les Israéliens ou les Finlandais pour vivre moins longtemps.
Et on obtient les mêmes résultats, les mêmes courbes, la même incohérence, si à la place de l’espérance de vie on prend les problèmes sanitaires et sociaux, ou le taux déclaré de bonheur.

Après des années d’errance, j’ai classé les pays selon leur degré d’inégalité et j’ai ensuite, dans des graphiques, mis en relation les inégalités avec les problèmes sanitaires et sociaux (le taux d’homicides, les grossesses précoces…).
Il existait pour le coup, une réelle relation, on retrouvait une étonnante cohérence : plus les pays sont inégalitaires, plus ces difficultés apparaissent.
Qu’on fasse de même avec l’indice UNICEF : dans les pays riches, le bien-être des enfants n’est pas lié aux revenus, la distribution paraît hasardeuse. Mais qu’on mette l’inégalité en abscisse, et une logique apparaît. Idem avec l’espérance de vie, les maladies mentales, la mortalité infantile, ou encore, l’obésité, les résultats scolaires, le taux de maternité précoce, les homicides, le taux d’incarcération.

Cet entretien avec Richard Wilkinson aborde bien d’autres aspects concernant les causes et les conséquences des inégalités et certains préjugés sont démontés :

Fakir : Le risque, on nous dit, dans des sociétés égalitaires, c’est qu’on se retrouve dans des pays figés, qui ne créent plus…
Richard Wilkinson : J’ai entendu çà également, dans des débats, ‘les gens ne vont plus créer s’ils ne peuvent pas faire fortune », et avec ma compagne, on s’est demandés : « Comment y répondre ? Comment le vérifier ? » On a donc recherché des statistiques sur les brevets, sur le nombre de brevets déposés dans chaque pays, rapportés à la population. Et on a obtenu un graphique montrant qu’il y a plus de brevets déposés dans les sociétés égalitaires.
(…)
Et de même, puisque vous parliez de « pays figés » : où la mobilité sociale est-elle la plus forte ? Où l’inégalité des chances est-elle la plus réelle ? Dans les sociétés égalitaires ou inégalitaires ? Jo Blanden et ses collègues de la London School of Economics ont publié des études très complètes sur huit pays, je dirais « seulement huit pays », aussi nos résultats sont-ils à prendre avec précaution. Ils indiquent néanmoins une direction.
Cette orientation est confirmée par des enquêtes aux États-Unis, qui démontrent très clairement, elles, que la mobilité a diminué pendant que les inégalités augmentaient.
Quelque part, il existe une logique à cette immobilité sociale : quand les écarts entre les classes, voir entre les castes, s’élargissent, les obstacles deviennent d’autant plus difficiles à franchir.

Extraits d’un entretien de François Ruffin avec l’épidémiologiste anglais Richard Wilkinson dans le trimestriel Fakir de février-mars-avril 2014.

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