L’école et le handicap

L’école française est discriminatoire. Elle est notamment validiste parce que la société française est validiste et l’école ne se situe pas en dehors de la société. Elle est conçue à partir de la norme valide à laquelle tous et toutes les élèves doivent se conformer, avec de maigres compensations qui souvent ne s’appliquent pas et à travers des rééducations très majoritairement en dehors de l’école. Rapprocher le plus possible l’élève « déviant » de la norme, non contestée, est l’objectif visé. Les élèves considérés trop « déviants », avec des handicaps trop « lourds » (il faut comprendre par là trop éloignés de la norme valide) sont écarté-es de l’école et renvoyés vers des structures « spécialisées ». On voit que c’est l’existence d’une norme valide qui construit le besoin « spécial ». Et lorsque les jeunes parviennent à être scolarisé-es (souvent dans des dispositifs spécialisés type SEGPA ou ULIS, parfois hors dispositifs), leur parcours reste extrêmement cloisonné : les adultes les orientent très vite vers quelques CAP ou bac pro, leur parlent à peine de voie générale, si ce n’est pour les en décourager.

Les représentations que se font les travailleurs et travailleuses de ce que doit être un élève, de ce que doit être leur travail et de ce que sont les besoins d’un-e élève handicapé-e sont erronées et peu remises en
question. L’essentialisation des élèves handicapé-es à leur handicap constitue un des problèmes majeurs. Le validisme, comme tous les systèmes de domination, est diffus, présent partout et toujours. Nous avons grandi dans une société validiste, le validisme nous a en partie façonné, tous et toutes. Il a façonné nos imaginaires et nos représentations ; il a façonné également celui des travailleurs et travailleuses de l’Éducation Nationale qui, dans leur grande majorité, pensent sincèrement que si les élèves handicapé-es doivent être mis-es à l’écart, c’est pour leur bien, qu’ils et elles relèvent du soin et pas de l’école, qu’un-e élève qui ne peut pas suivre le programme n’a pas sa place en classe.

Extrait d’un article du Collectif Une seule École dans Alternative Libertaire de mai 2024.

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