Pourquoi vous devriez vous informer autrement ? La réponse dans cette vidéo.
La démocratie recule
[…] On y apprend notamment que l’on recensait une centaine de démocraties dans le monde en 2011. Dix ans plus tard, c’est la domination des régimes autoritaires qui attire l’attention : ils pèsent sur 87 pays, abritant 68 % de la population mondiale ! […]
Depuis trente-cinq ans, nous assistons à une montée de l’extrême droite dans les scrutins, progression que personne ne s’est montré en capacité d’endiguer à ce jour. En parallèle, depuis moins longtemps, on voit qu’une partie de l’agenda porté par ce mouvement est prise en compte par une frange croissante des forces politiques classiques, y compris au centre gauche. […]
Après la Chute du mur de Berlin, une sorte d’euphorie faisait prédire un succès généralisé de la démocratie dans le monde. Or force est de reconnaître que ce n’est pas la trajectoire à laquelle nous avons assisté. […]
Bien sûr, les paramètres économiques et sociaux sont différents (par rapport aux années 30). Mais le modèle historique de l’entre-deux-guerres a la vertu d’être européen, et donc il devrait nous interpeller. Même s’il faut se garder de pousser la comparaison à son extrémité, le pacte avec le diable de l’Allemagne nazie, auquel ont consenti plusieurs forces politiques dans différents pays du continent, trouve aujourd’hui des échos dans la manière dont certains dirigeants défendent qu’il faille « parler la langue » des électeurs du Rassemblement national pour les ramener à eux.
On peut aujourd’hui faire le parallèle avec la France, où une partie de la droite accepte la possibilité d’une légitimation de l’extrême droite. Cette dé-démonisation du Front national, puis du Rassemblement national, est à l’œuvre depuis une dizaine d’années. Elle est reprise dans les médias. Alors, quelle devient la consistance d’un front républicain quand il y a plus de proximité entre certains membres du parti Les Républicains avec l’extrême droite qu’avec la gauche ?
Elle (la gauche) a sa part de responsabilité. Je désigne en premier lieu l’absence d’unité antifasciste en son sein. Il est très révélateur, à mon sens, qu’une partie de la gauche ait accepté d’être prise en otage par la droite et l’extrême droite en participant le 19 mai à cette manifestation des policiers si polémique. Voyez les discours d’un Arnaud Montebourg (ex-PS) ou d’un Fabien Roussel (PCF). C’est le baiser de l’araignée auquel ils s’exposent !
Extraits d’un entretien de Laurent Jeanpierre dans Politis du 17 juin 2021.