Pourquoi vous devriez vous informer autrement ? La réponse dans cette vidéo.
Jeux olympiques écologiques
Chaque olympiade qui s’étale sur quatre ans, est l’occasion de travaux gigantesques qui souvent transforment les villes-hôtes, bouleversent leur environnement et plus largement les lieux où sont implantés les sites des compétitions. Le temps passé entre le vote du choix désignant la ville-hôte et le début des compétitions est de sept années. La mise en œuvre des jeux olympiques. étendue dans le temps signifie ainsi et avant tout la destruction de l’ancien pour reconstruire du nouveau désormais sous l`aiguillon d’une numérisation généralisée des quartiers de ville et de leur architecture.[…]
À Stratford (quartier de Londres). pour édifier le parc olympique avec l’appui financier et intéressé du Qatar, deux cents bâtiments ont été détruits. En face du stade, en guise de porte d’entrée. On a construit un
supermarché Westfield, le plus grand d’Europe, créant une zone immense de marchandises dans un nouveau quartier nettoyé de sa plèbe que les JO rejetteront encore plus loin. L’East End a été gentrifié par la démolition des jardins familiaux, Manor Garden Allotments, qui occupaient, depuis 1924, environ 20 000 m2.[…] ce sont près de 7 000 points de travaux qui ont été décomptés dans Paris, pour l’essentiel, des transformations des surfaces d’occupation de circulation en fonction des véhicules : trottoirs agrandis et chaussées divisées et souvent rétrécies. Bref, ce sera pendant plusieurs années l’état de siège dans ce qui est appelé à devenir un « parc olympique » avec des embouteillages monstres et un taux de pollution record.
Les JO de Paris 2024 se présentent avec insistance comme écologiques, « durables et respectueux de l’environnement » . On assiste pourtant au bétonnage accéléré de la Seine-Saint-Denis, à l’instar du parc de La Courneuve, seule réserve Natura 2000 d’Île-de-France.
Autrement dit, si les JO accélèrent quelque chose, ce serait plutôt la réduction des espaces verts, la densification de l’habitat, sa compacité toujours renforcée. Des millions de tonnes de terre sont déplacées et le
béton est coulé à flots continus. Des carrières sont ouvertes de la Bourgogne à la Normandie pour alimenter les nouveaux chantiers en matériaux de construction ou en accueillir les déblais. […]Par ailleurs, […] les touristes viendront des cinq continents en avion. […]
Alors pourquoi un intérêt voire un attachement sinon une adhésion à
l’olympisme et à ses supposées « valeurs » ? Il y a sur toute la planète et chez la plupart des individus une puissante fascination pour le grandiose, l’hubris (la démesure), le monumental, les symboles forts qui marquent les esprits en profondeur, à l’instar du défilé quasi militaire des athlètes en uniforme derrière leur drapeau, les hymnes nationaux, la cérémonie pourtant ringarde de la remise des médailles… Tout ce cérémonial imposant et tocard, impressionnant et suranné est mis en œuvre dans le cadre d’un lieu majeur et mythique, le stade avec ses tribunes garnies de spectateurs en permanence excités par les prouesses des athlètes et leurs records battus. Les clameurs du stade sont la voix unifiée de la masse spectatrice qui se diffuse par le canal télévisuel vers 4 milliards de téléspectateurs s’imprégnant des valeurs de la compétition présentée comme naturelle. […]
Entretien de Marc Perelman dans le journal La Décroissance de juin 2021.