Pourquoi vous devriez vous informer autrement ? La réponse dans cette vidéo.
Enquêtes de l’IGPN
Il faut dire que les enquêteurs de l’IGPN (Inspection générale de la police nationale) ne sont pas toujours des plus zélés.
Dans l’affaire Zineb Redouane, les cinq CRS qui disposaient ce soir-là d’un lance-grenade du type de celui qui a touché l’octogénaire n’ont été entendus que deux mois après les faits. Ils ont tous déclaré être incapables d’identifier l’auteur du tir fatal – leur chef aussi. Les enquêteurs n’ont pas jugé nécessaire de saisir les cinq armes en question, ni les échanges radio des policiers.
Certainement par malchance, la caméra de vidéo-surveillance la plus proche de la scène n’a pas fonctionné ce jour-là. Quant aux experts choisis pour procéder à l’expertise balistique (sans disposer de l’arme !), ils étaient tellement indépendants qu’un contrat les liait au ministère de l’Intérieur.
Pratiques tout aussi scandaleuses dans l’affaire Maria, cette jeune femme qui s’est littéralement fait fracasser le crâne dans une ruelle par une bande de policiers le 8 décembre 2018. C’était aussi à Marseille et Maria ne manifestait pas non plus : elle rentrait chez elle. À deux reprises, la police aurait refusé de recevoir sa plainte, retardant le début de la procédure ; cinq mois après les faits, les images de vidéosurveillance et les enregistrements d’échanges radio avaient été effacés selon les délais d’usage.
Plusieurs policiers suspects n’ont pas été entendus, les enquêteurs se contentant des explications de leurs supérieurs. Quand il a fallu perquisitionner chez un policier et que l’IGPN a trouvé porte close, elle n’a pas insisté.D’autres preuves ont disparu : curieusement, écrit Mediapart, « le précieux rapport informatique faisant état de l’ensemble des mouvements et des interventions des policiers la journée du 8 décembre a été tronqué entre 14h37 et 23 h 21. Plus un mot de disponible. »
Dans son rapport au procureur, l’IGPN évoque un « dysfonctionnement informatique, incident s’étant produit ponctuellement par le passé ». Sauf que la fonctionnaire en charge du logiciel soi-disant défectueux n’y croit pas une seconde : « Cela fait deux ans que je suis au CIC [Centre d’information et de commandement] et c’est la première fois que je vois une fiche avec un tel défaut. »
Autrement dit, rapporte toujours Mediapart, « selon cette fonctionnaire, il ne peut en aucun cas s’agir d’un bug informatique. Seulement d’une intervention humaine. »Sur une plaquette de présentation, le ministère de l’Intérieur écrit que les policiers partagent « une passion commune pour la recherche de la vérité » et des valeurs « de cohésion et d’esprit d”équipe ». La passion de la vérité ? On s’interroge un peu. L’esprit d”équipe, on n’en doute pas une seule seconde.
Extrait d’un article de Claire Rivière dans le mensuel CQFD de décembre 2019.