Pourquoi vous devriez vous informer autrement ? La réponse dans cette vidéo.
Démocratie
C’est facile de dire : « Je suis démocrate. » « Il n’y a pas assez de démocratie. » « Je suis pour plus de démocratie. » C’est un mot sympathique. Mais c’est un mot vague et flou et, au fond, personne n’y met jamais la même chose. L’idée de démocratie renvoie à l’idée d’un peuple qui se gouverne lui-même. Mais ça ne veut rien dire.
La souveraineté populaire, ça n’existe pas ; le peuple, ça n’existe pas. Non seulement ça n’existe pas, mais ça n’existera jamais. Ce qui existe, ce sont des fractions, des groupes en lutte, etc.Ce ne sont pas les Français qui élisent quelqu’un lors d’une élection, mais une partie, petite, qui impose sa volonté aux autres. Ce qu’on appelle la démocratie, c’est le fait qu’une partie des membres d’un territoire en gouverne une autre.
La seule différence avec l’aristocratie est que cette petite partie peut bouger et n’est pas fixée par les règles de l’hérédité. Je pense que le concept de démocratie, d’autodétermination du peuple est purement mystificateur. Nous vivons dans des systèmes de domination de la bourgeoisie économique et culturelle qu’il faut remplacer par un autre type de régime.L’une des choses qui me frappent, c’est le fait que la vérité n’a pas de pouvoir contraignant sur les gouvernements. Les chercheurs produisent des connaissances puissantes. Par exemple, sur la migration, la drogue, les violences faites aux femmes, le climat évidemment, la prison.
Les gouvernants ne bougent pas, ils mentent sciemment. Il faut donc les contraindre. Je me demande si on ne pourrait pas mettre en place un conseil scientifique, comme il y a un Conseil constitutionnel, qui pourrait censurer les lois au nom de la vérité scientifique.Dès que je parle de ça, on me répond souvent : « C’est un fantasme autoritaire. » Mais qu’on ne me parle pas de régimes autoritaires ! Regardez ce qu’on a aujourd’hui : Bolsonaro, Trump, Macron, Orbán, Salvini, Erdogan… Tout cela s’inscrit dans l’histoire de nos « démocraties libérales ».
Extrait d’un entretien de Geoffroy de Lagasnerie dans Siné mensuel de décembre 2019.