Pourquoi vous devriez vous informer autrement ? La réponse dans cette vidéo.
Courage et idéalisme
Missak Manouchian, fusillé à 38 ans par les nazis. Alexeï Navalny, assassiné à 47 ans par Poutine. Ken Loach, lui, personne ne l’a tué puisqu’il va sur ses 87 ans, et il se bat toujours. Il a consacré sa vie à la défense des opprimés, sans flancher jamais malgré les brimades. Trois figures de l’engagement. Trois hommes qui donnent envie de leur ressembler. Qui donnent de l’humanité une image généreuse, rebelle, indomptable. Ils nous élèvent et nous grandissent, nous émeuvent et nous consolent. Penser à eux pour ne faiblir jamais. Point commun : le courage. Combien d’entre nous resteraient fidèles à un idéal si notre vie, notre sécurité ou simplement notre confort étaient en jeu ? Pas moi, je vous le dis. Mon admiration n’en est que plus intense. Mais il ne me viendrait pas à l’idée de reprocher à qui que ce soit d’être incapable d’une telle hauteur. Et il y en a d’autres. Qui en ce moment, un peu partout, se sentent pousser des ailes. Du temps de Manouchian, ils auraient écrit à la Kommandantur. Aujourd’hui, ils glapissent sur les réseaux sociaux, ces cafés du commerce à haut-parleurs. Déchaînent des « shitstorms » (en anglais, orages de caca) contre toute opinion qui ne va pas exactement dans le sens de leur poil. Accusent Navalny d’être un agent de la CIA, par exemple… On les appelle les « haters », vous les connaissez mieux sous le nom de fachos. Pauvres médiocres qui ne savent que haïr, qui se planquent dans l’anonymat pour vociférer, sans jamais s’arrêter pour réfléchir. Ça leur obstruerait l’égout s’écoulant comme une diarrhée du dépotoir qui leur sert de boîte crânienne. Ils sont la face sombre de l’humanité, une armée de laquais au service des puissants. Nazis hier, poutinistes aujourd’hui, teigneux toujours. Avancent masqués. Aujourd’hui l’héritière de la peste brune assiste à la panthéonisation de Manouchian, histoire de faire oublier que son camp fut du côté des fusilleurs. Je préfère Missak, Alexeï, Ken. Et Celestino Alfonso, l’Espagnol de l’Affiche rouge.
Article d’Isabelle Alonso dans Siné mensuel de mars 2024.